Politique: Guerre de leadership, frustrations accumulées… la coalition dans la tourmente

Ouro-Djikpa Tchatikpi.

« Le Parti National Panafricain (PNP) a déclenché la C14, mais il ne domine pas la coalition. Le PNP est un élément de la coalition », a clamé haut et fort samedi Ouro-Djikpa Tchatikpi, lors de la réunion hebdomadaire de cette formation politique.

Plus loin, ce dernier a dévoilé le contenu de l’ordre du jour des journées de réflexion tenues récemment par la coalition, rencontre boycottée par cinq partis dont le PNP.

L’ordre du jour comportait trois points, a souligné Ouro-Djikpa, conseiller de Tikpi Atchadam (président du PNP, en exil) : la restructuration de la coalition, l’alliance électorale pour les locales et pour la présidentielle de 2020 et la signature d’une charte. Le PNP ne se retrouve pas dans ces trois points établis, a-t-il précisé.

« Pour le PNP, il n’est pas question de faire une quelconque structuration, parce que, ce n’est pas ce qui a manqué à la lutte. Ce qui a manqué à la lutte : c’est la généralisation de la contestation. Et là, nous avons tiré chapeau à la coordinatrice de la coalition qui a bien fait son travail depuis août 2017. Elle n’a pas failli à sa mission. Pour le second point, tant que les réformes ne sont pas faites, il est prématuré de parler d’élections. Et le troisième point (pourquoi une charte ?), nous sommes un groupe de partis politiques de l’opposition pour une unité d’action », a longuement expliqué M.Ouro-Djikpa, annonçant dans la foulée une conférence de presse du PNP avant la fin de la semaine pour clairement préciser sa position au sein de la coalition.

La +C14+ traverse une période très difficile ces dernières semaines. Pour bon nombre d’observateurs de la vie politique togolaise, ce regroupement qui a fait trembler le régime en place entre septembre et octobre 2017 pour exiger les réformes et surtout le départ du président Faure Gnassingbé, a atteint son apogée, après de « petites erreurs de stratégies ».

Outre la guerre de leadership, ce regroupement est également miné par de petites querelles internes et la grande méfiance.

Invité sur le plateau d’une radio privée dimanche, Fulbert Sassou Attisso (président du parti Le Togo Autrement) a fait certaines déclarations qui ont surpris beaucoup de togolais, notamment les partisans de la coalition.

« En tant que président de parti, il y a longtemps je ne participe plus aux réunions de la C14, parce que je n’y crois plus », a-t-il fait savoir.

M.Attisso dont le parti a suspendu sa participation à la coalition, a surtout dénoncé le fait qu’il n’est souvent pas informé de certaines décisions. Il va très loin, dénonçant des fuites à l’interne de certaines décisions prises par la conférence des présidents.

Pour le président du parti Le Togo Autrement, le bilan de la lutte menée par la coalition de l’opposition, depuis 18 mois « n’est pas positif ».

« Depuis 18 mois, la coalition n’a pas réussi à faire aboutir les revendications qu’elle a posées et à faire avancer la lutte pour l’alternance et le changement », avait-il affirmé, avant de reconnaître que ce nouveau revers est « collectif ».

« Mais elle est due à une culture politique que l’opposition togolaise traîne depuis le début de la lutte en 1990 », a-t-il ajouté.

Les regards sont désormais tournés vers la coalition qui animera également une conférence de presse cette semaine, car le temps presse. La coordinatrice Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson, joue beaucoup à l’apaisement, afin de calmer les esprits.

Les élections locales sont annoncées tambour battant par le gouvernement, qui entend respecter ses engagements vis-à-vis des chefs d’Etat de la Cédéao.

Pour l’instant, aucune date n’a encore été fixée pour ces élections, mais le ministre de l’administration territoriale a entamé depuis quelques jours, des consultations.

Déjà au sein de la coalition, certains partis politiques dont le PNP sont clairs: pas dé réformes, pas d’élections.

« Le pouvoir a choisi d’ignorer la crise dans laquelle le pays est plongé depuis le 19 août 2017, faute de réformes constitutionnelles et institutionnelles et électorales. Le PNP exige le retour à la constitution de 1992, l’effectivité du droit de vote des togolais de l’extérieur », a souligné Ouro-Djikpa Tchatikpi. FIN

Edem Etonam EKUE