Pharmacies en plein air: Les médicaments de rues, attention, danger! (REPORTAGE)

Au Togo, se soigner peut être un luxe pour certaines familles. Tout le monde n’a pas les moyens de passer par un centre de santé, un cabinet ou une clinique, juste pour la consultation et le carnet: les frais de consultations varient entre 500 et 6.000 F.CFA en fonction des centres de santé.

Une dépense que certaines personnes préfèrent contourner. Quant à pousser la porte d’une pharmacie, les plus réticents trouveront l’alibi de cette peur du montant.

Alors bon nombre de Togolais optent la plupart du temps pour les pharmacies en plein air qui offrent leurs produits à tous les coins de rues de Lomé. Les médicaments vendus sont carrément exposés en plein soleil. On les retrouve également dans des marchés. Une exposition qui peut se transformer en poison pour les consommateurs, car beaucoup de médicaments sont impropres à la consommation.

C’est le cas de Gérard, jeune zémidjan qui avoue préférer acheter des médicaments dans la rue. Ce dernier a mis pied dans une pharmacie une seule fois, dans les années 2005.

« Chez les vendeurs ambulants, les médicaments sont beaucoup moins chers. Je n’ai pas envie d’aller dans une pharmacie. Je n’ai même pas le temps », confie ce dernier.

Venant tout juste d’avoir un accident de moto, il arbore des plaies suintantes sur lesquelles il a appliqué une pommade.

« J’ai toujours l’habitude d’acheter mes médicaments à côté de chez moi. La vendeuse est juste à côté de ma maison. Et c’est d’ailleurs elle qui m’a conseillé le produit que je mets dans ma plaie », explique le jeune Zémidjan, l’air très sérieux.

Ce jeune Zémidjan qui habite Kodjoviakopé assure que la majorité de ses voisins ont recours à la même méthode. Les risques encourus, on préfère ne pas en parler voire même ne pas les prendre en compte.

Zadhia confie avoir souvent des maux de tête et le doliprane coûte trop cher en pharmacie: « je fais confiance aux médicaments achetés dans la rue, ils sont très efficaces. Je n’ai jamais rien eu de mal ».

Si on lui demande vers quel médicament elle s’est tournée, elle avoue s’en remettre au vendeur qui n’est pourtant pas médecin: « c’est la vendeuse qui me conseille le médicaments à prendre. Et je vais chez elle depuis plus de 10 ans. Même quand mes enfants sont malades, c’est chez elle que j’achète mes médicaments. En tout cas, Dieu est grand pour nous les pauvres ».

Certains sont conscients du danger qu’ils encourent, car ces substances peuvent avoir des conséquences graves sur l’organisme. Tous médicaments en provenance généralement des pays voisins comme le Nigeria ou le Ghana et le bénin sont souvent des médicaments frelatés, trafiqués. Une pure contrefaçon pour la majorité des produits, selon des spécialistes en santé.

La santé n’a pas de prix

Bien vrai, les soucis financiers sont là, mais il est toujours possible de bien se soigner. C’est l’idée que défend l’infirmier d’Etat, Amavi, médecin dans un centre de Lomé.

« Chaque pharmacie est surveillée, des normes de prix sont toujours respectées. Le maximum est la multiplication du prix par 1,3 », appuie l’homme de santé.

Pour donner un exemple concret, un médicament acheté à 500 Fr CFA ne coutera jamais plus de 650 Fr CFA. Le comble de tout, le prix du produit frelaté acheté sur le marché peut parfois excéder le prix du produit original.

C’est donc bien par ignorance de la situation que le togolais fait le mauvais choix. Vouloir être trop pointilleux sur les prix, c’est faire du mal à son propre corps.

« On se tue à petit feu », prévient l’infirmier. L’organe qui fait souvent les frais de ces mauvais traitements médicamenteux, ce sont les reins.

« Vous les intoxiquez, car c’est eux qui filtrent tout. Après c’est des cas d’insuffisances rénales. Les reins on n’en a que deux et vivre sans, c’est impossible », explique-t-il.

Chaque médicament est bien testé par l’OMS, avant d’être vendu dans les pharmacies. La santé est un capital précieux qu’il faut préserver en respectant son organisme. FIN

Johana Caruso (stagiaire)

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