Mgr Kpodzro appelle à de « vraies réformes » pour le « bien » du pays

Mgr Philippe Fanoko Kpodzro.

Mgr Philippe Fanoko Kpodzro (Archevêque émérite de Lomé et doyen des évêques du Togo) a appelé à de « vraies réformes », dénonçant le texte qui fait l’objet d’étude en commission des lois à l’Assemblée nationale.

Les travaux en commission des lois, du projet de révision constitutionnelle ont démarré mardi à l’Assemblée nationale. Il s’agit de l’étude au fond du projet de loi portant modification des dispositions des articles 59,60, et 100 de la Constitution du 14 octobre 1992.

« Le texte qu’ils sont en train d’étudier, laisse une liberté totale au président de se représenter autant de fois qu’il veut. Ce n’est pas possible. Voilà pourquoi je réagis et je sensibilise les togolais pour que de vraies réformes soient faites pour le bien de notre pays », a réagi mardi, Mgr Kpodzro lors d’une conférence de presse.

« Le texte du constitutionnaliste sénégalais, qui a étudié les constitutions de certains pays, a vu qu’il faut mettre une limite. Et son texte se rapproche de ce que nous avions dit en 1992 », a-t-il précisé.

« Il faut que les togolais prennent conscience et qu’ils ne soient pas comme des moutons, qu’ils disent non, quand ça ne va pas », a martelé le Prélat.

Par ailleurs, Mgr Kpodzro a appelé à une reprise du recensement électoral.

« Quand seront reprises, corrigées et auditées les listes électorales avant l’élection présidentielle ? Nous voulons que le recensement soit repris ici et maintenant, peu importe le coût », a-t-il exigé.

Il a également dénoncé l’arrestation des responsables du Parti national panafricain (PNP), dont « le seul tort est d’aimer notre pays commun de façon honnête ».

« Je réitère mon appel pour une libération de tous les prisonniers politiques qui croupissent dans nos prisons y compris le cas particulier de Kpatcha Gnassingbé dont les jours sont comptés en raison de son état de santé, qui nécessite une évacuation vers un pays occidental pour des soins appropriés », a-t-il lancé.

Ces dernières années, les réformes constitutionnelles et institutionnelles ont toujours fait l’objet des vives discussions entre les députés du pouvoir et ceux de l’opposition au Parlement et les débats n’ont jamais abouti à la finalisation des textes (projet et propositions de loi). Le principal point de discorde est relatif à la disposition portant limitation du mandat présidentiel. Pour l’opposition, la loi, une fois adoptée, doit s’appliquer immédiatement au président Faure Gnassingbé (élu en 2005, puis réélu en 2010 et 2015). Cette exigence n’est pas du goût des députés du pouvoir, pour qui, le compteur doit être remis à zéro.

Ces réformes ont été la principale revendication de la coalition de l’opposition qui a manifesté durant des mois, dans les rues de Lomé.

Selon la feuille de la Cédéao à l’issue du sommet des chefs d’État du 31 juillet 2018 à Lomé, il est recommandé au gouvernement et aux acteurs politiques d’œuvrer en vue de l’adoption des réformes constitutionnelles en prenant en compte, trois points: (i) le mode de scrutin à deux tours pour l’élection du président de la république, (ii) la limitation à deux, du nombre de mandats présidentiels, (iii) la recomposition de la Cour constitutionnelle pour notamment revoir sa composition et limiter le nombre de mandat de ses membres (iv) et le renforcement du processus électoral ». FIN

Junior AUREL