Marches des 25, 26 et 28 avril: Gouvernement et coalition à couteaux tirés, vers de nouveaux bras de fer sur le terrain (PAPIER D’ANGLE)

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« Le gouvernement croit pouvoir ruser avec nous. Le Togo nous appartient à nous tous Nous maintenons nos manifestations avec les anciens itinéraires », a martelé Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson (coordonnatrice de la coalition) ce lundi sur radio Victoire Fm, en réponse à la lettre du ministre de l’administration territoriale Payadowa Boukpessi, imposant de nouveaux itinéraires à la Coalition des 14 partis politiques de l’opposition pour ses manifestations des 25, 26 et 28 avril.

A en croire Mme Adjamagbo-Johnson, il s’agit purement et simplement d’une « interdiction déguisée ». « Le Togo nous appartient à nous tous. Et dans tout pays, lorsque la loi autorise à manifester, aucune loi ne dit qu’il faut manifester là où on ne peut pas gêner les gens ».

Dans une nouvelle correspondance adressée lundi après-midi à la coalition, M. Boukpessi a réaffirmé la position du gouvernement : « Seuls les nouveaux itinéraires, doivent être utilisés pour les marches des 25, 26 et 28 avril ».

Le gouvernement a imposé deux itinéraires à la coalition (contre trois, utilisés depuis le début des manifestations en septembre dernier) et toutes les manifestations sont confinées dans la zone de Bè.

Encore de l’électricité dans l’air cette semaine à Lomé et dans certaines localités, à en croire des observateurs avertis de la scène politique. Et dans le même temps, les togolais s’apprêtent à commémorer le 58è anniversaire de leur pays le 27 avril.

« Nous allons assister pratiquement à la même scène que la semaine des marches des 11, 12 et 14 avril où tous les points de rassemblement ont été bouclés par des forces de l’ordre, des pneus brûlés dans certains quartiers de Lomé, des courses poursuites… », a confié Alain Flégan, politologue.

« Le mal, c’est que la période ne s’y prêtre pas, car c’est une période de fête nationale. Les deux parties ont intérêt à revoir leurs positions », a-t-il ajouté.

Ces trois jours de manifestations (11, 12 et 14 avril) ont fait 1 mort, 174 blessés et 26 personnes en détention, selon le bilan dressé mercredi dernier par les leaders de ce regroupement, lors d’une conférence de presse. Aucune source officielle ne s’est prononcée sur ce bilan.

Expliquant sa décision d’imposer de nouveaux itinéraires, le gouvernement a évoqué les différentes plaintes des riverains des voies que les manifestants de la coalition empruntent depuis sept mois.

« Ces plaintes ont atteint leur paroxysme un peu avant la suspension des manifestations elles sont susceptibles d’entraîner des troubles graves à l’ordre public au cours des prochains passages des convoies de la coalition si une solution n’y est pas trouvée. Lesdites plaintes ont déjà été portées à l’attention de la coalition oralement et par écrit, à plusieurs reprises », avait indiqué le gouvernement.

Notons que la coalition des 14 partis politiques de l’opposition a décidé, de reprendre ses marches le 11 avril, manifestations non autorisées par le gouvernement.

Les autorités avaient évoqué la poursuite du dialogue et la décision prise par les deux parties de suspendre les manifestations, jusqu’à la fin des discussions.

Eviter de « trahir le génie culturel du Togolais »

La communauté internationale (notamment l’ONU, les Etats-Unis, la France et l’Union africaine) a appelé à plusieurs reprises, le pouvoir et l’opposition à se retrouver autour d’une table.

Démarré le 19 février dernier sous la facilitation du président ghanéen Nana Akufo-Addo, le dialogue n’a connu que trois séances : 19 février, 23 février et 23 mars. Les discussions achoppent notamment sur la candidature ou non du président Faure Gnassingbé. Élu en 2005, Faure Gnassingbé a été réélu en 2010 et 2015.

Le 14 avril dernier, les chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) ont instruit à Lomé, la commission de l’Institution à « prendre toutes les dispositions pour apporter son appui » aux facilitateurs et de « proposer des recommandations qui seront soumises au prochain sommet de la conférence des chefs d’Etat ».

« Dieu a donné quelque chose au peuple togolais, ce peuple a son génie culturel. Chez les romains, c’est le droit. Le génie culturel du togolais: c’est le dialogue, c’est la fraternité, c’est la compréhension mutuelle. Ne trahissons par notre génie culturel. C’est vraiment précieux », a lancé dimanche du haut de l’autel, Mgr Denis Komivi Amuzu-Dzakpah lors d’une messe anniversaire des six ans du parti au pouvoir (Union pour la République/UNIR).

Le Prélat faisait allusion à la crise qui secoue le Togo depuis août dernier, notamment le dialogue ouvert le 19 février et qui piétine.

« Jésus veux que nous vivions dans la fraternité, dans la compréhension, dans la paix, dans la joie. Demandons à la Vierge Marie qui a écouté et accueilli la parole de Dieu, de nous garder et de nous accompagner toujours sur nos chemins pour la paix dans nos foyers, pour la paix dans nos maisons, pour la paix au Togo, pour la paix en Afrique… », a ajouté Mgr Amuzu-Dzakpah.

Le Togo traverse depuis début août dernier, une nouvelle crise avec des manifestations répétées de la coalition de l’opposition qui exige notamment le retour à la constitution originelle de 1992, la révision du cadre électoral et l’instauration du droit de vote des togolais de l’étranger.

Ces manifestations ont fait au moins 15 morts (dont deux militaires), plusieurs blessés et d’importants dégâts matériels notamment à Sokodé, ville située à plus de 330 km au nord de Lomé. FIN

Edem Etonam EKUE