Loi Bodjona modifiée: « Le régime se rigidifie en rendant les manifestations impossibles » (Nathaniel Olympio)

Nathaniel Olympio.

« Le régime se rigidifie en rendant les manifestations impossibles », a critiqué Nathaniel Olympio (Président du Parti des Togolais) au lendemain de la modification par l’Assemblée nationale, de certaines dispositions de la loi fixant les conditions d’exercice de la liberté de réunions et de manifestations pacifiques publiques au Togo. Le nouveau texte restreint désormais la liberté de manifestations publiques.

Cette loi dite « Bodjona » avait été adoptée en 2011, suite à des remous au sein de l’opposition, qui réclamait plus d’espace de liberté en matière de manifestations publiques.

« Le régime se rigidifie en rendant les manifestations impossibles. C’est le signe évident d’un inconfort. L’opposition togolaise doit réinventer sa lutte et cela dans les plus brefs délais », a déclaré à l’Agence Savoir News Nathaniel Olympio.

Selon lui, le gouvernement togolais « redoute les prochaines colères du peuple, alors il le bâillonne en interdisant les manifestations ».

« L’insécurité grandissante au Togo semble être du pain béni pour le régime. La lutte contre ce fléau devient le prétexte pour retirer les libertés fondamentales. Ce durcissement du régime accroît les frustrations et rendra les prochaines colères plus vives », a-t-il ajouté.

Selon la nouvelle loi, le nombre de manifestations organisées par semaine dans une ville peut être limité par l’autorité administrative compétente en fonction de la disponibilité des forces de sécurité devant être affectées à l’encadrement desdites manifestations.

L’une des dispositions majeures porte sur les axes et zones de manifestations.

Ainsi pour des « raisons stratégiques, économiques et sécuritaires », toutes les manifestations « sont interdites sur certains axes et zones notamment toutes les routes nationales, les axes et zones où se déroulent de fortes activités économiques, dans les centres urbains, les axes et zones proches des institutions de la république, les axes et zones proches des chancelleries et résidences des ambassadeurs et représentants d’organisations internationales et les axes et zones proches des camps militaires et des camps de service de sécurité ».

Par ailleurs, « les réunions ou les manifestations pacifiques sur la voie publique et dans les lieux publics ne peuvent se tenir avant 11 heures et au delà de 18 heures ».

Dans le cadre des réunions ou manifestations pacifiques publiques, « l’itinéraire comporte un seul point de départ, un seul tronçon de route et un seul point de chute », précise la nouvelle loi.

A en croire le ministre de l’administration territoriale, la modification à la  loi « s’est imposée au gouvernement pour adapter les instruments juridiques aux contextes nouveaux, marqués par des menaces terroristes dans la sous-région et aux portes de notre pays ».

« L’objectif est de parvenir à un meilleur encadrement des manifestations pacifiques publiques, afin d’offrir la sécurité aux riverains et surtout d’offrir la sécurité aux manifestants. Ces modifications apportées ont été faites en tenant compte des conséquences tirées des manifestations publiques que notre pays a connues depuis le 19 août 2017 », a précisé Payadowa Boukpessi.

Lors des récentes manifestations de la coalition de l’opposition qui ont secoué le pouvoir pendant des mois, les organisateurs avaient multiplié des points de départ dans la ville. Ces manifestations étaient simultanément organisées dans plusieurs villes à l’intérieur du pays. FIN

Junior AUREL