Libre circulation des personnes et des biens/CEDEAO : La carte nationale d’identité biométrique et les tracasseries aux frontières au centre d’un atelier régional à Lomé

Plusieurs acteurs clés impliqués dans les questions de migration et du développement, ont entamé ce jeudi à Lomé, un atelier régional de trois jours sur l’introduction de carte nationale d’identité biométrique et la problématique des tracasseries aux frontières, dans l’espace CEDEAO, facteur qui freine la libre circulation des personnes et des biens.

Prennent part donc à cette rencontre, des représentants des institutions internationales, des services de l’immigration, de la police, de la douane, des associations de commerçants et d’organisations de la société civile, a constaté une journaliste de l’Agence Savoir News.

Initiative du Groupe de Réflexion et d’Action, Femme Démocratie et Développement (GF2D), ces assises sont financées conjointement par l’Union européenne et la commission de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), dans le cadre du projet « Appui à la libre circulation des personnes et la migration en Afrique de l’Ouest ».

Mise en œuvre par le GF2D, ce projet a pour objectifs notamment la maximisation du potentiel de développement de la sous-région, à travers la mise en œuvre effective de divers instruments, en l’occurrence le protocole de la CEDEAO sur la libre circulation des personnes et des biens, signé le 29 mai 1979 à Dakar (Sénégal).

La libre circulation des personnes signifie que tout ressortissant d’un État membre de la CEDEAO a le droit de se déplacer librement d’un État à un autre sans aucune entrave. Le principe de la libre circulation des biens est l’un des piliers de la réalisation du marché commun. Il concerne aussi bien les marchandises que les capitaux.

Mais force est de constater que ces principes ne sont pas souvent respectés aux différentes frontières au sein de l’espace CEDEAO. Les ressortissants membres de l’espace, sont plutôt soumis à des tracasseries. Parfois, certains sont contraints de payer une somme d’argent, avant de traverser les frontières, malgré leurs pièces d’identité valides.

— Promouvoir le dialogue entre les acteurs clés concernés —

L’ouverture des travaux a été présidée par le Lieutenant Colonel Bamana Baragon (Conseiller technique au ministère de la sécurité et de la protection civile) en présence de Winfred Kwasi Dodzih (secrétaire général du système d’assurance carte brune CEDEAO.

Mme Taibatou Sibibé (Représentante de l’Organisation internationale pour les migrations/OIM) et Mme Michèle Aguey (secrétaire générale du GF2D), étaient aussi présentes.

La méconnaissance des droits et devoirs des citoyens de l’espace, contenus dans le Protocole sur la mobilité des personnes et des biens, l’absence des documents de voyage, la corruption, la barrière linguistique, la méconnaissance des voies de recours par les personnes victimes de l’abus et l’ignorance des règles du commerce international, cause de graves préjudices à la mobilité des populations et au développement de leurs activités commerciales.

Selon Mme Aguey (Secrétaire général du GF2D), la rencontre de Lomé, a pour objectif de promouvoir le dialogue entre les acteurs clés concernés par la libre circulation des personnes et des biens à travers un cadre d’échanges sur les tracasseries aux postes frontaliers et sur l’intérêt et l’importance de la carte d’identité biométrique.

« Cette rencontre permettra également de réfléchir aux actions à mener en vue d’atteindre ces objectifs et de surmonter les défis auxquels fait face l’intégration régionale, notamment celui de l’ineffectivité des protocoles et décisions de la CEDEAO qui impacte la libre circulation des personnes et des marchandises. L’autre défi qui nous interpelle, est lié à l’incompréhension et au manque d’appropriation des initiatives par les citoyens et citoyennes communautaires », a-t-elle souligné.

Ces assises se tiennent à un moment où le chef de l’Etat togolais Faure Gnassingbé assure la présidence tournante de la CEDEAO.

Ce dernier s’est même déplacé en juin dernier à la frontière Togo-Ghana, afin de toucher du doigt les réalités de la problématique de la libre circulation des personnes, des biens et des services.

– La carte nationale d’identité biométrique, une réponse efficace –

La carte nationale d’identité biométrique est un document de voyage harmonisé adopté par la CEDEAO pour apporter une réponse aux entraves à la libre circulation. Sa mise en œuvre est effective dans certains pays de la sous-région.

Cette carte permet d’identifier les personnes de façon automatique, grâce aux empreintes digitales et à la photo, afin de lutter contre l’usurpation et la falsification d’identité.

« Nous devons maintenant agir de manière urgente pour répondre et lutter efficacement contre les pratiques anormales dont les conséquences sont incalculables sur la mobilité des populations et le développement du commerce sous régional », a martelé le Représentant du ministre de la sécurité et de la protection sociale.

« La libre circulation des personnes et des biens dans l’espace CEDEAO, reste une priorité des autorités togolaises (…) Dans le cadre de son mandat, le Chef de l’Etat togolais a décidé d’aider la CEDEAO à concrétiser plusieurs chantiers déjà entamés et a mis sur pied des initiatives personnelles innovantes », a souligné le Lt Col Baragon.

Mme Taibatou Sibibé Représentante de l’OIM, a pour sa part ajouté que l’un des aspects qui contribue à l’atteinte de l’objectif du projet, réside dans la promotion d’une participation active des acteurs non-étatiques et des autorités locales dans la mise en œuvre de l’approche de la CEDEAO sur la libre circulation aux niveaux régional, national et local.

Rappelons que la GF2D est une organisation non gouvernementale à but non lucratif créée en 1992. Elle a pour vision d’un Togo, d’une Afrique et d’un monde où les femmes connaissent leurs droits et en jouissent pleinement, où les femmes libérées des contraintes et pesanteurs socioculturelles apportent leurs contributions au développement de la société et participent aux prises de décision sur un pied d’égalité avec les hommes et dans un esprit de partenariat. FIN

Abbée DJAGLO/Rédaction

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