« Les pourparlers reprendront dans les dix jours qui viennent, avant la fin du mois de mars, et aucune manifestation de rue ne saurait avoir lieu d’ici cette reprise » (Gilbert Bawara)

Les discussions entre la coalition de l’opposition et le parti au pouvoir reprendront « dans les dix jours qui viennent, avant la fin du mois de mars, et aucune manifestation de rue ne saurait avoir lieu d’ici cette reprise », a affirmé ce mercredi Gilbert Bawara (ministre de la fonction publique), réagissant suite aux rumeurs de frictions et désaccords au sein de la coalition et à la visite du ministre ghanéen chargé de la sécurité nationale Albert Kan-Dapaah.

Ce dernier est arrivé à Lomé le 19 mars en qualité d’émissaire du président ghanéen et facilitateur dans la crise togolaise Nana Akufo-Addo. Outre les délégations de la coalition de l’opposition et du parti au pouvoir, Kan-Dapaah a rencontré les autorités togolaises.

« Il est donc normal que, de manière primordiale, des concertations et échanges préalables se soient déroulés avec les autorités gouvernementales avant les contacts et discussions avec les autres acteurs politiques. Nous avons eu plusieurs entretiens avec le ministre Kan-Dapaah. Cela a permis de faire le point de la situation. Les discussions se sont focalisées sur la nécessité impérieuse pour tous les acteurs de préserver le climat d’apaisement actuel, en respectant la suspension des manifestations et surtout l’importance de reprendre sans délai les discussions de fond, dans le cadre du dialogue politique », a souligné Gilbert Bawara.

Sur ces deux points essentiels, a poursuivi le ministre, « les violons se sont accordés » avec l’envoyé du président ghanéen.

— Reprise du dialogue dans les dix jours qui viennent, aucune manifestation de rue —

Selon M. Bawara, les discussions reprendront « dans les dix jours qui viennent, avant la fin du mois de mars, et aucune manifestation de rue ne saurait avoir lieu d’ici cette reprise ».

« Cette position constante de la facilitation, conforte et réconforte le gouvernement dans sa sérénité, dans son engagement et sa détermination à faire aboutir la dynamique de dialogue en cours », a-t-il souligné.

Selon des sources concordantes citées mercredi par l’Agence Savoir News, le facilitateur serait attendu à Lomé vendredi pour la reprise des discussions. Mais aucune source officielle n’a pour le moment confirmé cette information.

— Rumeurs de divisions au sein de la coalition : « je n’y accorde la moindre importance » —

La coalition serait fortement perturbée par des dissensions internes au regard du cafouillage enregistré ces derniers jours pour les manifestations annulées.

Sur le sujet, M. Bawara a simplement répondu : « je n’y accorde la moindre importance. Je ne m’intéresse guère, ni à d’éventuels clivages, guéguerres ou dissensions au sein des partis politiques ou regroupements de partis politiques, ni aux débats et aux stratégies internes qui peuvent prévaloir en leur sein ».

« Le gouvernement n’agit pas et ne se détermine pas en fonction de l’atmosphère et de la vie interne au sein de la coalition ou de tout autre parti politique, mais à l’aune de convictions profondes et de l’idée que nous avons quant aux intérêts majeurs de notre pays. Autrement, nous risquerions de louvoyer au gré des circonstances et des vents souvent inconstants. La vie nationale ne devrait pas être rythmée au gré des péripéties et des faits divers », a-t-il indiqué.

Le ministre n’a pas passé sous silence les sorties du président du Parti National Panafricain (PNP, opposition) de Tikpi Atchadam à travers des messages fortement relayés sur les réseaux sociaux.

« Quant aux agitations et aux logiques menaçantes et guerrières de la part du PNP et de son leader, notamment les actions qui seraient projetées, cela ne nous émeut aucunement. D’autres leaders n’ont cessé, depuis l’ouverture du dialogue, de proférer des menaces en agitant la relance des manifestations comme un chiffon rouge ou un épouvantail ».

« Face à ces attitudes, il est important d’avoir à l’esprit que certaines choses ne se reproduiront plus. Le 19 août 2017, notre pays a échappé de peu à une tentative de déstabilisation, un véritable coup de force orchestré par des forces obscures en lien avec le PNP. Cette conspiration aurait pu emporter les institutions démocratiquement établies, plonger notre pays dans l’instabilité et ouvrir la voie à toutes les aventures, n’eussent été le professionnalisme des forces de sécurité et leur sang-froid. Les forces de sécurité ont été l’objet d’agressions et d’attaques d’une rare violence surtout à Sokodé de la part des nervis du PNP, dans une tentative vaine de provoquer des tueries et de déclencher un déferlement et une insurrection populaires », a-t-il dénoncé.

—- « Tôt ou tard, les auteurs de ce coup et leurs commanditaires auront à en répondre » —

Selon M. Bawara, « tôt ou tard, les auteurs de ce coup et leurs commanditaires auront à en répondre. Depuis lors, notre pays et de nombreux concitoyens ont payé un lourd tribut, avec d’affreuses violences et des exactions perpétrées en marge des manifestations, sans oublier les graves dommages et préjudices causés à l’économie nationale ».

« Les Togolais sont foncièrement attachés aux libertés démocratiques et aux droits politiques. Les libertés de rassemblement, d’opinion et de manifestation sont consubstantielles à la démocratie, aux droits fondamentaux et aux principes de l’Etat de droit. Rien ne sera fait ou entrepris qui consacrerait des atteintes inadmissibles aux droits politiques et aux libertés démocratiques. Dans le même temps, les Togolais sont aussi attachés à leur liberté et leur droit de vaquer à leurs occupations et activités sans entraves excessives ».

« Le droit au développement et les droits économiques et sociaux constituent également des libertés et des exigences essentielles procédant de notre loi fondamentale et consacrées par les instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme. Il n’existe pas un seul citoyen qui n’aspire à la prospérité, au progrès économique et social de notre pays et au bien-être partagé pour tous et chacun. Nous ne pouvons donc plus, à l’avenir, épiloguer sur la question des manifestations sans tenir compte de tous les enjeux et défis d’intérêt national, notamment des considérations et des facteurs que je viens d’évoquer. Et c’est le rôle et la responsabilité de l’Etat que d’y veiller. Même à l’issue du dialogue politique, nous sommes appelés à agir différemment dans le sens de la réalisation et de la sauvegarde des aspirations et des intérêts majeurs du pays », a-t-il poursuivi.

— Agir « fermement pour ôter à certains l’envie de récidiver »… —

La coalition de l’opposition a menacé plusieurs fois ces derniers jours, de reprendre la rue, accusant le pouvoir de violer le règlement intérieur du dialogue.

« Pour être plus clair, toute initiative ou action inappropriée et préjudiciable aux intérêts majeurs de notre pays ou aux aspirations profondes de nos concitoyens, quel qu’en soit les auteurs, fera désormais l’objet d’une réponse adaptée. Certaines situations ne doivent plus se reproduire et toutes les dispositions seront prises pour dissuader ceux qui y seraient tentés. Nous agirons fermement pour ôter à certains, l’envie de récidiver et de rééditer certaines scènes qui visent à installer la chienlit. Si vous voulez, concernant la question des manifestations, l’Etat doit agir avec une double exigence : respecter et préserver les libertés démocratiques et les droits politiques sans toutefois porter préjudice à l’ordre public, mais aussi prévenir et éviter tous les actes et agissements susceptibles de compromettre et de contrarier d’autres valeurs, aspirations et droits tous aussi fondamentaux », a martelé M. Bawara.

« Si nous mettons de côté les postures et les discours populistes et démagogiques qui procèdent de la surenchère, l’immense majorité de nos concitoyens et de larges franges de la population aspirent plutôt à la tranquillité et à la paix. Ces concitoyens et ces franges font également partie du peuple. Ils éprouvent des frustrations et des exaspérations face aux intimidations et aux menaces de certaines tendances politiques. Ces concitoyens et ces franges de notre population méritent aussi d’être entendus. C’est ce que l’Etat fera », a-t-il averti.

Précisons que le Togo traverse depuis début septembre, une nouvelle crise avec des manifestations répétées de la coalition de l’opposition.

Ce regroupement de 14 partis politiques exige notamment le retour à la constitution originelle de 1992, la révision du cadre électoral et l’instauration du droit de vote des togolais de l’étranger. Certains leaders de cette coalition demandent le départ du président Faure Gnassingbé.

La communauté internationale a appelé à plusieurs reprises, le pouvoir et l’opposition à se retrouver autour d’une table.

Démarrées le 19 février sous la facilitation du président ghanéen, les discussions ont été suspendues à la deuxième séance le 23 février. Le facilitateur a privilégié ces derniers jours, des consultations directes avec les protagonistes à Accra, avant la reprise des discussions à Lomé. FIN

Junior AUREL

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