La rivière Koumongou, adieu le « traumatisme » des décennies (MAGAZINE)

Accroupie sur une petite brique au pied de la rivière Koumongou, dame Mbouado Amoin (la soixantaine), murmure quelques paroles avant de s’éloigner.

« Je suis très fière de voir de mes propres yeux, le début des travaux de construction d’un pont sur cette rivière. Que Dieu protège Faure Gnassingbé », lance-t-elle en langue Tchokossi à un journaliste de l’Agence Savoir News.

« Des malheurs de plusieurs décennies sont désormais dernière nous. Nos rêves sont devenus réalités », ajoute cette présidente des commerçantes de Koumongou, venue assister au lancement des travaux d’un pont de 160 mètres sur cette rivière, cérémonie présidée par le chef de l’Etat Faure Gnassingbé.

La réalisation de ces infrastructures s’inscrit dans le cadre d’une subvention globale de plus de 16 milliards de F.CFA obtenue par le Togo de l’Agence Japonaise de la Coopération Internationale (JICA) pour la construction de deux ponts. Le deuxième pont (de 120 mètres), sera construit sur la rivière Kara.

A Koumongou (localité située à environ 500 km au nord de Lomé), tout le canton est pratiquement encerclé par la rivière, si bien qu’en période de grandes pluies, les quelques 8.000 habitants ont toujours vécu le calvaire.

Unique moyen faire la navette sur cette rivière de la « mort » : une seule barque de fortune.

« La pirogue a plusieurs fois chaviré, avec des pertes en vies humaines et des pertes de marchandises, surtout les jours du marché. En 1996, un élève (enfant d’un encadreur), s’est noyé et on ne l’a jamais retrouvé », se souvient encore Kpassamba Djadjiti, le chef canton de Koumongou.

« Un chef quartier s’est également noyé dans cette rivière. Chaque année, il y a un événement malheureux lié à cette rivière. Elle nous a très marqué du côté malheur », ajoute ce chef coiffé de sa couronne ornée de dentelle.

Le 9 octobre 2015, le Chef de brigade (CB) de la localité a été sauvé dans cette rivière par les habitants, alors qu’il revenait d’une mission avec ses éléments.

« Je revenais d’une mission, avec mes éléments quand la barque a chaviré d’un coup. Nous avons eu la vie sauve, grâce au dynamisme des habitants », raconte-t-il le visage triste.

— Adieu le ’traumatisme’ —

A Koumongou où les populations notamment les femmes ont pour principale activité, le commerce, la rivière a tout le temps freiné leur élan. Plusieurs grandes commerçantes ont perdu leurs marchandises dans cette rivière.

Elles sont parfois contraintes de céder leurs marchandises à vil prix, aux courageux qui réussissent à franchir la rivière.

« Cette rivière a traumatisé les habitants de Koumongou pendant des années. J’ai plein de mauvais souvenirs. Avec ce pont qu’on nous construit, laissez-nous nous réjouir. Nous allons fêter pendant tout le mois », se réjouit Bassonguéti Tignan, enseignant à l’EPP Koumongou.

Agé 38 ans, ce dernier est né à Koumongou et a vécu plusieurs drames liés à cette rivière : « En 2014, quelques collègues enseignants qui revenaient de Mango se sont retrouvés dans l’eau, la barque ayant chaviré. Ils ont été sauvés par les habitants ».

Tamadja Timgbé (un chef quartier de Koumongou), est pressé de voir le pont totalement achevé.

« Aujourd’hui, je suis tellement en joie et je veux voir ce pont entièrement achevé et l’emprunter pour traverser cette rivière », confie ce sexagénaire, l’air radieux.

Pour l’instant, une partie de la rivière a été provisoirement aménagée pour permettre aux habitants de Koumongou de mener paisiblement leurs activités.

Prévus pour durer 39 mois, les travaux de construction de ce pont sont confiés à l’entreprise japonaise Konoike Construction, sous le contrôle et la surveillance du cabinet japonais Central Consultant.

Il s’agit d’un pont à poutres continues en « T » à quatre travées en béton précontraint par post-tension.

« Le pont sur la rivière Koumongou a une portée maximale de 160 mètres, répartis en quatre travées (de 40 mètres de long de chacune) et d’une largeur de 11,8 mètres.

L’infrastructure est constituée d’une fondation profonde sur des pieux et d’une fondation superficielle en semelles continues », explique Kanfitine Tchedé Issa (directeur général des travaux publics).

« Il sera également réalisé une voie d’accès d’une longueur de 340 mètres », précise-t-il.

La construction des deux ponts (Koumongou et Kara) va engendrer un trafic non moindre vers la Route Nationale (RN17), notamment celui des conducteurs de poids lourds de marchandises qui utilisent actuellement la RN1. Le temps de parcours entre Sokodé et Sadori va considérablement diminuer.

« La construction des deux ponts est plus qu’une nécessité, car leurs impacts direct et indirect sur la vie des populations locales et leurs activités économiques, ne sont plus à démontrer. En plus, la construction des deux ponts et des routes de raccordement sont d’une importance capitale pour tous les usagers de la RN1 », appuie Ninsao Gnofam (ministres des infrastructures et des transports). FIN

De retour à Lomé, Junior AUREL

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