Gilbert Bawara : « La réussite du PND, c’est plus de revenus pour les travailleurs et l’accès à l’amélioration des services sociaux de base »

Gilbert Bawara.

Dans une interview accordée au site www.54etats.com, le ministre de la fonction publique aborde plusieurs sujets.

Voici l’intégralité de l’entretien.

 

Priscilla Wolmer : Quelles ont été vos actions en faveur du social au Togo ?

 

Ministre Gilbert Bawara : C’est difficile de singulariser une action au milieu d’une multitude d’actions mais je suis très heureux. J’ai été soulagé qu’après des moments de discussions intenses, de concertations entre le gouvernement et les partenaires sociaux avec l’implication du patronat, le président de la République, SEM Faure Gnassingbé ait annoncé le relèvement de la valeur indiciaire. C’est à dire l’amélioration du salaire des fonctionnaires, de consentir à un geste envers les retraités à travers la construction de maisons de retraite et de soutien au dialogue, à la concertation entre le gouvernement et les partenaires sociaux comme moyen privilégié de régler toutes les difficultés et tous les problèmes qui peuvent survenir aussi bien concernant les conditions de travail que le niveau de vie des Togolais, plus particulièrement des travailleurs du secteur public et privé.

 

Le salaire moyen au Togo est très bas et tourne autour de 35 000 F.CFA (53,36 €) par mois, que comptez-vous faire pour améliorer la rémunération des travailleurs togolais ?

 

Le gouvernement en est conscient. C’est vrai que le SMIG n’a pas été revalorisé depuis quelques années. Cependant, il faut souligner que comparativement aux autres pays de la sous-région, nous sommes dans la moyenne des SMIG au sein de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA) et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

En deuxième lieu, il faut aussi rappeler que le SMIG est le fruit d’un dialogue et de concertation entre les partenaires sociaux, le patronat et les organisations syndicales des travailleurs. Le gouvernement encourage les deux partis à intensifier et à accélérer les discussions qui ont lieu en ce moment. Le jour où l’ensemble des conditions le permettront, bien entendu, nous pourrons envisager cette revalorisation du SMIG. Il faut le faire en tenant compte de tous les autres paramètres de l’économie togolaise. Nous pouvons revaloriser le SMIG et après avoir d’autres effets indésirables et inconvénients, notamment en terme d’inflation. Il faut encourager le dialogue et l’ouverture d’esprit des deux parties avec le soutien et l’encouragement du gouvernement.

 

Quel est le taux de chômage réel au Togo ?

 

Vous savez, souvent, en utilisant les critères du Bureau international du travail (BIT), on situe le taux de chômage autour de 4%.

La réalité est que ce taux de chômage est nettement plus élevé, autour de 20%. Cela est dû à la précarité, du sous-emploi et surtout au fait que le secteur informel et ceux qui opèrent dans des activités non formalisées, non comptabilisées sont nombreux.

Ainsi, il n’est pas aisé de comptabiliser toutes les créations d’emplois, le niveau de chômage ou d’inactivité. En toutes hypothèses, l’un des chevaux de bataille du Togo et du gouvernement, c’est de faire en sorte que le Plan National de Développement (PND), qui est un plan ambitieux, solide, cohérent et global ne voit pas seulement le Togo transformé en centre d’Affaires et d’échanges internationaux.

Il ne s’agit pas uniquement de promouvoir la transformation de l’agriculture, du secteur minier et du secteur manufacturier mais de produire davantage de richesses et prospérité pour booster la création d’emplois.

 

500 000 emplois attendus d’ici 2022

 

Oui. Nous sommes confiants et optimistes quand on regarde les résultats du 1er Forum Togo-Union européenne qui s’est clôturé à Lomé le 14 juin dernier. Quand on voit le niveau d’engagement personnel et de détermination du chef de l’État, Faure Gnassingbé et le souci que tous les Togolais doivent avoir de s’engager, de participer, de contribuer à la réussite du PND.

La réussite du PND, c’est plus de revenus pour les travailleurs, et l’accès à l’amélioration des services sociaux de base : l’eau, l’électricité. L’accès à l’éducation, l’accès à la santé.

Voilà là un réel changement de paradigme

Le Togo dispose de tous les atouts pour aller de l’avant avec une stabilité qui n’a jamais été démentie. Un engagement résolu à maintenir la sécurité et la stabilité malgré la situation de volatilité sous-régionale.

Parlons politique. La campagne des premières municipales depuis 32 ans bat son plein. Il y a plus de 10 000 candidats en compétition pour 1527 sièges de Conseillers municipaux dans tout le pays jusqu’à la fin du mois de juin. Certaines revendications se font entendre. Par exemple, plus d’enseignants sont réclamés pour les écoles. Votre réponse monsieur le Ministre.

 

J’espère que les candidats en compétition pour les locales et les partis politiques vont davantage expliquer leur projet autour de la question éducative. En réalité, l’Éducation n’est pas du domaine des collectivités locales. Nous pourrions imaginer que des questions touchant au jardin d’enfants, c’est à dire au pré-scolaire, aux cantines scolaires puissent bénéficier de l’engagement des collectivités locales mais en revanche, l’éducation reste une responsabilité de l’État.

Beaucoup d’efforts ont été faits et il y a eut un bon niveau de dialogue entre le gouvernement et l’ensemble des acteurs éducatifs qui a permis de signer un protocole d’accord au mois d’avril 2018. Nous avons choisi d’agir dans le moyen et le long terme. C’est à dire avoir au moins un plan quinquennal en faisant en sorte que chaque année, un certain nombre d’enseignants puissent être recrutés et qu’un certain nombre d’équipements, de bâtiments et de matériels scolaires et didactiques puissent être mis à disposition. Cela sans oublier la question de la formation et du recyclage des enseignants.

Il faut évoluer vers des enseignants professionnels et il faut continuer d’améliorer leurs conditions de rémunérations. Cela sera respecté et au bout de 5 ans, des résultats beaucoup plus significatifs seront obtenus.

Vous parlez de cinq ans, cela me renvoie encore à une question politique. Dans toute l’Afrique de l’Ouest, l’alternance politique est respectée. Qu’en est-il pour le Togo ?

 

Le Togo est une démocratie républicaine et multipartite. Les règles de dévolution du pouvoir et de compétitions électorales sont définies par la Constitution togolaise. Moi, depuis quelques années quand j’entends des messages concernant l’alternance, concernant le président de la République je dis que cela traduit une certaine forme d’indigence et la difficulté à trouver un angle d’attaque ou des arguments objectifs, solides pour opposer au chef de l’État. Les Togolais ont la possibilité de choisir lorsqu’il y a élections. Les règles de l’alternance sont prévues au Togo.

La Constitution vient d’être modifiée et parmi les règles qui ont fait l’objet d’une modification, il s’agit de la limitation des mandats présidentiels donc le problème ne se pose plus comme il pouvait se poser il y a quelques mois en arrière.

Le mandat du président n’était renouvelable qu’une seule fois il y a quelques mois en arrière. Est-ce que le Président Faure Gnassingbé souhaite se représenter en 2020 ?

 

Nous venons de parler du chômage, de l’Éducation, du PND. La priorité des priorités, la préoccupation première du chef de l’État, c’est de voir le Togo obtenir de meilleur résultat en matière économique et en matière sociale. Bien entendu, le moment venu, il exprimera ses intentions. Il est aussi membre d’un parti politique et ce parti se réunira et déterminera. L’essentiel, c’est que les règles du jeu démocratique, que la compétition soit saine et que les togolais aient la possibilité dans les urnes de choisir librement leur dirigeant. C’est ce qui arrivera en 2020 et à ce moment là, nous serons ce qu’il en est.

Et pout finir, quelle est la citation qui vous décrit le mieux Monsieur Bawara?

 

Ce serait difficile de cibler une seule citation mais pendant mes études à l’Université de Genève, chaque matin, je prenais un bus qui s’arrêtait devant un immeuble où il y avait un écrito. Une citation de Jean-Jacques Rousseau qui parlant de son père, disait ceci: « Mon père, en m’embrassant, fut saisi d’un tressaillement que je crois sentir et partager encore : Jean-Jacques, aime ton pays ! »  Depuis, ce qui m’a toujours motivé et guidé, c’est l’amour du Togo.

Ce qui m’a toujours motivé et guidé, c’est l’amour du Togo.

C’est mon envie, mon souhait de mettre mon énergie au service du Togo. Et lorsque le président de la République m’a honoré de la confiance et de l’estime en souhaitant que je puisse servir à ses côtés au niveau du gouvernement, je l’ai fait avec un grand bonheur à la fois par conviction parce que j’adhère pleinement à sa vision, ses projets pour le Togo et ce souci continuera à m’habiter. J’ai toujours pensé que nous les Togolais, pas que nous n’aimons pas beaucoup notre pays, pas que nous manquons de patriotisme mais il faudrait que nous en fassions davantage et que l’on cesse de dénigrer notre propre pays et de nous auto-flageler. Voilà la citation qui constitue pour moi une sorte de lumière, au niveau de mon engagement politique.

Source : www.54etats.com.