Gilbert Bawara : « Dès le 1er août prochain, le temps des diktats (…) d’une volonté manifeste de statu quo que dénoncent à juste titre certains dirigeants étrangers sera totalement révolu. S’ouvrira alors un chapitre nouveau… »

Gilbert Bawara.

« Tous les enseignements ont été tirés de la période tumultueuse que notre pays vient de traverser. Dès le 1er août prochain, le temps des diktats, des postures de blocage et d’une volonté manifeste de statu quo que dénoncent à juste titre certains dirigeants étrangers sera totalement révolu. S’ouvrira alors un chapitre nouveau et chacun comprendra que la sagesse et le sens de responsabilité de la majorité silencieuse et des pouvoirs publics ne sont nullement des signes de faiblesse et de résignation », a martelé ce dimanche Gilbert Bawara (ministre de la fonction publique).

Selon ce dernier, « les togolais aspirent à la quiétude et au bien-être et c’est la responsabilité des pouvoirs publics de les leur assurer ».

Cette sortie du ministre intervient au lendemain du passage du général Francis Béhanzin, commissaire des affaires politiques, paix et sécurité de la Cédéao (Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest).

Envoyé par le président de la Commission de l’organisation sous-régionale, le général avait rencontre jeudi dernier, les protagonistes (la coalition de l’opposition et le pouvoir) de la crise qui secoue le Togo depuis dix mois.

Le dialogue entamé le 19 février, n’a connu que quatre séances: 19 février, 23 février, 23 mars et 27 juin. Les pourparlers s’enlisent sur la candidature du président en 2020. Situation qui a poussé la Cédéao à prendre le devant des événements. Ainsi, tout le monde retient son souffle en attendant le prochain sommet de l’organisation sous-régionale, prévue fin juillet à Lomé.

« Dieu merci, les togolais et les observateurs sont aujourd’hui édifiés quant à l’esprit conciliant et d’ouverture, au sens de la retenue, d’élévation et de la responsabilité qui caractérisent le gouvernent et sa majorité. En témoignent les nombreuses mesures d’apaisement qui ont été engagées, avec la libération de la quasi-totalité des personnes détenues, et qui ont été interpellées non pas pour des motifs politiques, mais en raison des forfaits et des exactions commises à l’occasion des manifestations. Les préparatifs des élections ont été interrompus depuis le 23 février 2018, et les dispositions ont été prises pour garantir et assurer de manière effective la liberté des manifestations et des activités politiques sur toute l’étendue du territoire », a souligné M.Bawara.

Les togolais et les observateurs, a poursuivi le ministre, « se rendent bien compte qu’aucune de ces localités n’est assiégée en dehors des dispositifs ordinaires de contrôle routier et de sécurisation des lieux publics, dans un environnement sous régional volatile et instable… Même des cas judiciaires qui n’ont aucun lien avec la situation actuelle ont bénéficié des mesures d’apaisement, notamment avec la libération de tous les militants de l’opposition détenus dans l’affaire des incendies des marchés de Kara et de Lomé. Dans la même affaire, le chef de file de l’opposition, Jean-Pierre Fabre a bénéficié de la levée du contrôle judiciaire auquel il était soumis jusque-là ».

« Si dans un esprit d’apaisement et de décrispation, les autorités compétentes se sont abstenues de mettre en mouvement des poursuites judiciaires contre les instigateurs et les auteurs présumés de la tentative avérée de déstabilisation et de renversement des institutions, dont certains vivent librement sur le territoire et en dehors du pays, ce n’est pas pour ensuite se lancer, je ne sais, dans quelle intimidation ou persécution, même si la justice et les droits et intérêts des victimes ne doivent pas être sacrifiés », a-t-il souligné, avant d’ajouter:  « Aucun leader politique n’a à craindre pour sa vie ou pour sa sécurité. Notre pays a besoin des talents, de la compétence et de l’énergie de tous ».

Tout récemment, le chef de l’État togolais Faure Gnassingbé a accordé une nouvelle grâce présidentielle à 19 autres détenus, arrêtés et jugés dans le cadre des manifestations.

Pour la coalition de l’opposition — qui manifeste depuis septembre dernier contre le régime en place — 57 personnes sont toujours écrouées dans des prisons du pays, à la suite des manifestations. Les leaders des 14 partis politiques de ce regroupement, n’entendent pas baisser les bras, si tous les détenus ne sont libérés.

Cette coalition a lancé cette semaine, une série de meetings notamment à l’intérieur du pays, histoire de maintenir la pression en attendant le +verdict+ de la Cédéao le 31 juillet prochain.

 

Poursuite des manifestations par « défi »

 

Pour le M.Bawara, les leaders de cette coalition continuent à agir « par défi en poursuivant ses manifestations et en bravant les engagements découlant des communiqués du 1er février et du 27 juin 2018, même lorsque les dirigeants de la CEDEAO se trouvaient à Lomé pour débattre de la situation togolaise et d’autres sujets sérieux pour la région ouest-africaine ».

En plus, a-t-il précisé, ces leaders « n’ont jamais ni déploré ni regretté les graves incidents, violences et exactions ayant émaillé certaines manifestations et qui se sont soldées par de nombreuses victimes et d’énormes dégâts matériels ».

La coalition « a toujours refusé de s’associer à un message commun de compassion et de solidarité envers toutes les victimes des événements qui se sont produits depuis le 19 août 2017, et elle a objecté à toute idée de lancer à nos concitoyens un appel à la non-violence et au rejet de l’extrémisme, de la haine et de l’intolérance ».

Par ailleurs, les responsables de cette coalition ne sont pas préoccupés du sort des victimes des « actes de vandalisme et des exactions commis en marge des manifestations », a dénoncé.

Il les accuse également de ne pas se soucier des commerçantes et des commerçants des marchés de Kara et Lomé dont les activités « ont été complètement ruinées », et de se désintéresser « totalement des togolais qui subissent durement les effets dévastateurs des manifestations ainsi que du ralentissement global de l’économie ».

 

« Nuire à notre économie et à la réputation de notre pays »

 

« Ces agissements, procédant de la volonté manifeste de nuire à notre économie et à la réputation de notre pays, et de créer un climat de frustration et de révolte au sein des populations, n’ont nullement découragé et émoussé la volonté du chef de l’État et du gouvernement dans leurs efforts pour consolider le climat d’apaisement et de décrispation, et pour maintenir l’esprit de dialogue et d’ouverture », a dénoncé le ministre.

Le dialogue entamé le 19 février, n’a connu que quatre séances: 19 février, 23 février, 23 mars et 27 juin. Les pourparlers s’enlisent sur la candidature du président en 2020. Situation qui a poussé la Cédéao à prendre le devant des événements.

Selon le ministre, « ce qui obsède la coalition, c’est de remettre en cause l’ordre constitutionnel et les institutions démocratiques, obtenir la mise en place d’un gouvernement de transition qui dirigerait véritablement le pays et se chargerait à sa guise de la réalisation des réformes et décider qui peut ou non être candidat ».

« Le stratagème est un peu simpliste, obliger le gouvernement et sa majorité à se démettre ou à se soumettre en acceptant d’être une victime consentante d’un coup de force insidieux ».

« La coalition tente d’imposer son diktat au gouvernement et sa majorité sans quoi elle reprendrait les manifestations pour rendre le pays ingouvernable», a-t-il souligné, ajoutant qu’il n’est pas question de céder «à la loi de la rue, plutôt que celle de la République ».

 

Il n’y aura plus jamais d’autre 19 août 2017

« C’est pour cela qu’il n’y aura plus jamais d’autre 19 août 2017. Les dirigeants de la sous-région et les facilitateurs sont suffisamment édifiés sur les enjeux. Il n’y a pas et il n’y aura nul besoin d’aucun autre mandat spécifique pour leur permettre de montrer aux acteurs politiques togolais la voie à suivre. L’heure est désormais aux actes, aux décisions et à l’action déterminée pour normaliser totalement et durablement la situation. Les repères et le fondement des décisions attendues sont parfaitement connues, ce sont les valeurs, les normes et les principes qui sous-tendent la démocratie et l’Etat, qui s’appuient solidement sur des règles juridiques essentielles et que reprennent largement les instruments communautaires pertinents, notamment le protocole additionnel de la Cédéao relatif à la démocratie et à la bonne gouvernance », a martelé M. Bawara.

 

Le prochain sommet de la Cédéao, « marquera une étape décisive »

 

Aujourd’hui, personne n’a intérêt à s’enfermer dans des certitudes, le jusqu’au-boutisme et la défiance face et contre toute une sous-région dont les dirigeants n’ont ménagé ni leur temps ni leurs énergies pour aider le Togo et accompagner les acteurs politiques à surmonter les moments de discordes et d’incompréhensions », a averti le ministre.

« Car il ne s’agit pas uniquement du Togo, mais également de la paix et de la stabilité de toute la sous-région. Avec sérénité et confiance, les togolais savent que le prochain sommet de la Cédéao, le 31 juillet, marquera une étape décisive et ouvrira des perspectives nouvelles pour la consolidation de la paix et de la stabilité et pour permettre à notre pays de renouer avec une dynamique de croissance plus forte et soutenue. C’est cela qui est essentiel », a-t-il indiqué.

Appuyant la décision du gouvernement d’interdire les manifestations de rue du 23 juillet au 1er août, le ministre a précisé: « C’est une immense reconnaissance pour le président Faure. Ça sera aussi une aubaine pour nos hôteliers, nos restaurateurs, nos hôtels et nos commerçants. Ces événements doivent se dérouler dans un climat de totale sécurité et sérénité, et c’est le sens et la portée des mesures prises par les autorités ».

Le gouvernement togolais ne « s’intéresse guère aux petits mots et aux petites phrases, aux débats et aux agitations stériles », car « la responsabilité des autorités n’est pas identique à celle des partis et des acteurs politiques (…) La sécurité et le bien-être de togolais incombent au gouvernement ».

Rappelons que les « manifestations de rue » sont interdites du 23 juillet au 1er août, en raison d’une série d' »activités de portée internationale » et surtout pour « réserver un accueil chaleureux aux illustres hôtes et de garantir la sérénité des travaux », selon un communiqué du ministre de la sécurité.

Comme activités prévues: la réunion annuelle statutaire de l’Asecna (23 au 27 juillet), la réunion ministérielle conjointe de la Cédéao (28 juillet), le sommet conjoint Cédéao/Ceeac (30 juillet) et le sommet de la Cédéao (31 juillet ). FIN

Junior AUREL