Germain Mèba : « Nous sommes prêts à vraiment échanger avec les opérateurs économiques d’Europe »

Germain Mèba.

Le secteur privé togolais entend jouer le rôle qui est le sien pour tirer le meilleur profit du forum économique Togo-Union Européenne, qui va se dérouler les 13 et 14 juin dans la capitale togolaise. A travers un entretien, réalisé dans ses bureaux, le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Togo, M.Germain Mèba s’est montré rassurant. Il a fait valoir que le secteur privé togolais « a pris la mesure de cette initiative, en se rendant disponible, pour montrer une détermination certaine à pouvoir saisir cette opportunité que nous offrent les hautes autorités, en vue de jouer le premier rôle qui est le nôtre ».

 

Comment le secteur privé appréhende-t-il le forum Togo-Union Européenne qui s’annonce et quel rôle entend-il jouer pour sa réussite ?

 

Mèba Germain : Nous voudrions tout d’abord féliciter et remercier le président de la République togolaise, qui a initié ce forum avec l’Union Européenne. Le secteur privé togolais a pris la mesure de cette initiative en se rendant disponible, pour montrer une détermination certaine à pouvoir saisir cette opportunité que nous offrent les hautes autorités, en vue de jouer le premier rôle qui est le nôtre. Un rôle déterminant en vue de démontrer combien de fois le secteur privé togolais est dynamique. Ce forum est le nôtre. En tant que secteur privé togolais, nous voulons jouer le premier rôle dans l’organisation.

Nous entendons participer à l’ensemble des différents panels et être aussi aux rencontres B to B. Parce qu’il y aura des opérateurs économiques européens qui seront en face des opérateurs économiques togolais, c’est-à-dire le secteur privé togolais. Pour cela, nous sommes prêts à animer l’ensemble des dispositifs qui seront mis en place, à savoir les panels et les B to B.

 

Dès l’annonce de ce forum, vous vous êtes tout de suite lancés sur les routes à la rencontre de toutes les couches socio-économiques du Togo, aussi bien au Togo que dans la diaspora. Le message dont vous étiez porteur est-il passé ?

 

Bien sûr ! Ce forum s’adresse aux Togolais, pour que nous puissions demain voir naître de grands champions. Pour cela, les Togolais de l’intérieur et de la diaspora sont intéressés.

Ils doivent savoir qu’ils sont les acteurs importants. C’est dans ce sens que nous avons fait une tournée à l’intérieur du pays en vue de partager cette vision du chef de l’Etat qui voudrait que les opérateurs économiques togolais puissent saisir l’opportunité de ce forum Togo-Union européenne. Ce forum va voir naître de vraies coopérations et collaborations entre les opérateurs économiques togolais et ceux de l’Union Européenne.

Nous pouvons vous assurer que l’ensemble des opérateurs économiques togolais étaient intéressés vis-à-vis de ce forum. Il faudrait tout simplement voir le nombre de projets que les opérateurs économiques togolais ont mis en place à l’appel à projets de la présidence de la République. On nous a demandé de proposer cent (100) projets bancables structurés, mais nous avons eu à peu près plus de trois cent quatre-vingt-onze (391) projets proposés, qu’une équipe d’experts est en train d’étudier. Aujourd’hui, nous avons à peu près cent cinquante (150) projets bancables retenus. Là, c’est une très bonne chose. C’est pour vous dire que les Togolais attendaient vraiment ce message fort de nos gouvernants. Je tiens à remercier le président de la République, le Premier ministre et l’ensemble de leurs collaborateurs pour avoir démontré que le partenariat public et privé est lancé au Togo. Donc, nous voulons dire que nous, au sein du secteur privé togolais, nous sommes déjà prêts. Et d’ailleurs, cette réaction à travers la proposition de ces courriers démontre que nous sommes déjà prêts à collaborer avec nos partenaires européens qui seront là.

 

Qu’est-ce que le secteur privé togolais attend de ce forum ?

 

Nous attendons la réussite d’abord de ce forum. Cela veut dire que les  opérateurs économiques européens qui arriveront vont savoir, à travers les projets structurants que nous allons porter à leur attention, qu’il y aura des gens qu’ils vont financer. Parce que c’est des investisseurs qui vont arriver. Quand ils arriveront, nous allons leur dire ce que nous avons comme projets, en tant qu’opérateurs économiques togolais. Et dans les discussions B to B, chacun va avoir sa mention. Je pense que nous travaillons pour cela. Nous sommes déjà prêts pour leur dire qu’au Togo, il y a des répondants, que le secteur privé est là, capable d’égaler ceux d’Europe. Pour nous, on n’a pas de complexe. Nous nous sentons prêts pour contribuer à l’essor économique de notre pays.

 

Le Togo regorge-t-i l suffisamment d’opportunités à offrir aux investisseurs européens ?

 

Beaucoup d’opportunités, surtout avec toutes celles qu’offre le Port Autonome de Lomé, un grand port de l’Afrique de l’Ouest. Nous avons aussi le climat des affaires très attrayant, où chaque opérateur économique, qu’il soit togolais ou étranger, est capable d’exercer librement.

Il y a plusieurs mesures incitatives, notamment le code minier, le code foncier qui vient d’être mis en place, autant d’agrégats économiques qui permettent de dire que nous sommes prêts, que le Togo est attrayant et capable de recevoir des opérateurs économiques étrangers qui puissent investir dans le pays.

 

Les opérateurs économiques togolais sont-ils suffisamment outillés pour négocier des partenariats gagnants-gagnants avec leurs collègues européens?

 

Je vous assure que, contrairement à ce que les gens pensent, le Togolais est très dynamique, outillé à répondre à toutes sollicitations. Et nous sommes prêts à vraiment échanger avec les opérateurs économiques d’Europe. Nous avons l’habitude de le faire en allant à l’étranger.

Et nous avons, au sein de la Conférence permanente des Chambres consulaires africaines et francophones, le Togo à la présidence de cette haute institution du secteur privé. Nous étions même à la présidence des Chambres de Commerce de l’Afrique de l’Ouest.

Pour nous, il n’y a pas de complexe. Partout où nous allons avec les opérateurs économiques togolais, ils se sont montrés très dynamiques. Je pense que c’est pour nous une opportunité de recevoir les opérateurs économiques européens chez nous, en vue de leur dire combien de fois notre pays est attrayant et, en même temps, leur proposer l’ensemble des cent cinquante (150) projets structurés. D’ailleurs, si on ne boucle pas ces cent cinquante (150) projets, je pense que ça sera l’occasion pour nos dirigeants de pouvoir s’adresser à nos banques locales qui, à des moments donnés, disent que nous ne proposons pas des projets structurés. Il y a une équipe d’experts qui est en train de travailler. Si on a pu, en l’espace de deux mois, sortir ces projets structurants de la part des Togolais, c’est vous dire que nous sommes dynamiques.

Sur à peu près trois cent quatre-vingt (391) projets proposés, nous avons pu trouver cent cinquante (150). C’est vous dire que dans la tête, ça bouge. Les Togolais sont capables de réfléchir et de dire que nous sommes dynamiques dans le secteur privé. C’est clair que si nous avons de l’appui, on va mieux faire. Je vous assure que nos dirigeants nous ont vraiment étonnés ces derniers temps, à travers la volonté politique affichée. Rien qu’en tenant à cela, nous estimons être dynamiques et forts. Aujourd’hui, ce que nous ressentons, c’est la disponibilité de nos dirigeants à nous accompagner. A travers cela, ne vous étonnez pas, dans les années à venir, de voir de vrais champions au Togo.

Comme les Dangoté, il y aura, avec la volonté politique affichée de nos dirigeants que nous voyons. C’est clair que le Togo va décoller à travers son secteur privé.

 

Quel profil doit-on avoir pour espérer participer à ce forum?

 

Il ne s’agit pas d’être une grande entreprise, comme on le dit. Non ! A ce forum, il n’y aura pas que de grandes entreprises togolaises. Il y a de petites entreprises qui ont proposé des projets.

Des fois, l’on peut ne pas avoir de l’argent, mais les idées qu’on a dépassent l’argent qu’on a sur compte. A travers les idées, on peut révolutionner le monde. C’est pourquoi on nous a dit, avec la contribution du gouvernement, de proposer cent projets structurés. Au lieu de cent, nous avons cent cinquante.

Et parmi ces cent cinquante, il y a de petits projets que de petites entreprises ont proposés. Il ne faut donc pas être une grosse structure avant de venir proposer un projet.

Mais, lorsque vous vous sentez à même de conduire un grand projet, alors vous êtes le bienvenu. Nous vous rappelons que pour être un grand opérateur économique, il faut d’abord la volonté. Parce que, pour être un homme d’affaires, il faut être subtile, engagé et déterminé.

C’est de ceux-là qu’il s’agit. Il ne s’agit pas de dire qu’on a des milliards et qu’après, on ne puisse pas vraiment conserver ces milliards, parce que l’on n’a pas le dynamisme nécessaire autour. Donc, pour nous, un vrai opérateur économique, c’est celui qui conçoit un vrai projet susceptible de créer beaucoup d’emplois pour résorber le chômage. C’est de ça qu’il s’agit. Ce n’est pour rien que nos dirigeants voudraient qu’on change de paradigme.

Tout simplement, parce qu’on voit que le secteur privé commence par faiblir. Or, si on n’a pas un secteur privé dynamique, ce qui veut dire que nous ne serons pas capables de payer nos impôts. Et si on n’est pas dynamique, alors  plus de recettes, du fait de ne pas payer les impôts. Et en même temps, c’est tout le Togo qui est en train de faiblir.

Pour cela, tout le monde trouve son compte en trouvant un secteur privé dynamique. C’est pourquoi tout le monde est concerné, nos dirigeants, nous même, et partant, le Togo tout entier. Le Plan National de Développement

(PND) mis en place est assez révélateur et ambitieux. Il nous dit que nous devons, suivant ces trois axes, faire du Togo un hub logistique, développer des pôles de transformation (les agro-industries et autres), sachant que nous sommes à 80 % agricoles au Togo. Pour cela, si l’ensemble de ce qu’on crée au niveau de l’agriculture est exporté à l’état brut, on n’aura pas de plus-value.

C’est à nous de créer toutes les conditions de concrétisation des axes 1, 2 et 3 du PND. Ceci, à travers la mise en place des centres de formation, afin de permettre aux jeunes d’avoir tout l’appui nécessaire pour être entreprenant, créer de la résilience et la croissance. Le Forum UE-Togo et le PND s’arriment donc pour faire évoluer le pays et notre économie.

 

Avez-vous un message de fin ?

 

Mon message de fin est un mot de prière à l’endroit de ce forum et de paix pour notre pays. Parce que nous voudrions qu’il y ait accalmie dans ce pays.

Sans la paix, tout ce qu’on vient de dire ne pourra pas se réaliser positivement. En tant qu’homme d’affaires, nous avons besoin de la paix, d’un pays calme.

Depuis les événements d’août 2017, le secteur privé togolais a vraiment payé un lourd tribut par rapport à ces événements sociopolitiques.

Nous avons vraiment perdu. Or, il suffisait de l’entente, de la paix cordiale pour faire avancer le pays.

C’est dommage que les étrangers viennent qualifier notre pays et que nous même, nous pensons que le pays ne se développe pas. Or, nous le voyons, les infrastructures routières qui créent le développement.

Le cas d’Agoè où la nuit tout est flamboyant est édifiant. Il est vrai que des fois nous voulons plus. Je pense que dans la paix et l’ambiance cordiale, on peut faire évoluer ce pays, pour que l’ensemble des maux que nous avons puissent être résorbés. Donc, nous prions Dieu le Tout-Puissant de nous accompagner, de créer une ambiance cordiale entre nos dirigeants, les hommes politiques, pour que nous puissions, en tant que secteur privé, démontrer ce que nous sommes capables de faire.

Merci une fois encore à nos dirigeants pour la paix qui règne dans ce pays.

Je vous remercie !

 

Propos recueillis par Komla GOKATSE (Source : Togo Presse)