Gambie: L’ex-président Jammeh accusé d’agressions sexuelle par trois femmes

Yahya Jammeh.

L’ancien président Yahya Jammeh est accusé par trois Gambiennes de les avoir contraintes à des relations sexuelles en usant de pressions morales, financières ou physiques lorsqu’il dirigeait ce pays pauvre d’Afrique de l’Ouest, selon un rapport de Human Rights Watch présenté mercredi au Sénégal.

« Yahya Jammeh a traité les femmes gambiennes comme ses choses », a expliqué à Dakar le célèbre avocat américain de Human Rights Watch, Reed Brody. « Le viol et l’agression sexuelle sont des crimes, Jammeh n’est pas au-dessus des loi ».

Yahya Jammeh a dirigé d’une main de fer ce petit pays enclavé dans le Sénégal, à l’exception d’une étroite façade atlantique, de 1994 à son départ pour la Guinée équatoriale le 21 janvier 2017, sous la pression d’une force régionale.

Les défenseurs des droits humains accusent son régime d’actes systématiques de torture contre des opposants et des journalistes, d’exécutions extra-judiciaires, de détentions arbitraires et de disparitions forcées.

Il est en outre soupçonné d’avoir détourné plusieurs centaines de millions de dollars.

L’ex-président gambien et ses collaborateurs ont « recouru à la coercition, à la tromperie et à la violence » pour obtenir des faveurs sexuelles, « ainsi qu’à des représailles lorsque les femmes refusaient ses avances », accuse l’enquête, menée avec l’ONG suisse TRIAL International.

En décembre 2014, Fatou Jallow, dite « Toufah », alors étudiante en art dramatique de 18 ans, a été élue « reine de beauté » lors d’un concours retransmis en direct à la télévision d’Etat.

Dans les six mois qui ont suivi, le chef de l’Etat l’a invitée plusieurs fois au palais présidentiel, couverte de cadeaux, puis lui a demandé de l’épouser, ce qu’elle a refusé, selon le récit de la jeune femme, qui a choisi de témoigner à visage découvert depuis le Sénégal, où elle a trouvé refuge.

En juin 2015, Yahya Jammeh l’a enfermée dans une pièce de son palais, menacée de mort et lui a injecté une substance au moyen d’une seringue, avant de l’immobiliser et de la violer, a-t-elle expliqué.

Selon plusieurs témoignages rapportés par les deux ONG, Yahya Jammeh s’est aussi entouré de « protocol girls » – des jeunes femmes qu’il recrutait personnellement comme assistantes, avec l’aide d’une cousine, Jimbee Jammeh, chargée de les mettre en confiance – avant de les harceler sexuellement.

L’une d’entre-elles, désignée par le pseudonyme « Anta », a expliqué que le président l’avait menacée de lui couper les vivres si elle se refusait à lui.

Une autre, « Bintu », affirme que Yahya Jammeh lui a proposé une bourse d’études aux Etats-Unis avant de se rétracter devant son refus de relations sexuelles.

 

SOURCE : AFP