Fièvre de Lassa au Togo : 3 décès et 7 cas confirmés (DOSSIER)

L’épidémie de fièvre hémorragique de Lassa qui sévit depuis le 23 février dernier dans la région septentrionale du Togo a déjà fait 3 morts, a appris l’Agence Savoir News de source hospitalière.

« Trois décès ont été enregistrés avec 14 cas suspects », a souligné Prof. Majesté Ihou Wateba, premier vice-doyen de la faculté des sciences et de la santéde l’Université de Lomé et chef service des maladies infectieuses au CHU Sylvanus Olympio.

« 7 cas (4 à Mango et 3 à Kpendjal) sont positifs. Et près de 75 cas contacts sont actuellement suivis, pour voir s’ils ont choppé le virus ou pas », a appuyé Dr. Agbéko Tsidi Tamekloe, Chef division de la surveillance /ministre de la santé.

Le virus a été identifié pour la première fois en 1969, suite à une grande épidémie à Lassa, un village du Nigeria.

« C’est un animal banal qui nous fréquente tous les jours, qui est porteur : la souris », a précisé Prof. Majesté Ihou Wateba.

La fièvre de Lassa est une fièvre hémorragique virale aiguë d’une durée d’une à quatre semaines qui sévit en Afrique occidentale. Le virus de Lassa se transmet à l’homme par contact avec des aliments ou des articles ménagers contaminés par l’urine ou les excréments de la souris.

La fièvre de Lassa est endémique au Bénin, au Ghana, en Guinée, au Liberia, au Mali, en Sierra Leone et au Nigeria, mais elle est sans doute présente aussi dans d’autres pays d’Afrique occidentale. Le Togo fait partie des nouveaux pays.

« Chaque année en Afrique de l’ouest, 100.000 à 300.000 personnes sont infectées. Et en moyenne 4.000 à 5.000 décèdent. Donc, ce n’est pas nouveau », a précisé Prof. Wateba.

– « C’est une maladie qu’on maîtrise, on sait la traiter » –

La fièvre de Lassa est une zoonose, ce qui signifie que l’homme est contaminé par contact avec des animaux infectés. Le réservoir animal, ou hôte, du virus est un rongeur du genre Mastomys, communément appelé « rat à mamelles multiples ». L’infection ne le rend pas malade, mais il excrète le virus dans ses urines et ses excréments.

Environ 80% des personnes contaminées par le virus de Lassa n’ont pas de symptômes. Une infection sur 5 entraîne une atteinte sévère de plusieurs organes comme le foie, la rate et les reins.

Pas de panique, a rassuré Prof. Majesté Ihou Wateba : « C’est une maladie qu’on maîtrise, on sait la traiter. Nous avons aujourd’hui un système de surveillance performant, vis-à-vis des virus hémorragiques. A l’heure où nous parlons, il y a des équipes sur le terrain et qui travaillent ».

« Il y a du bon travail qui est fait. Depuis juin 2015, nous avons un laboratoire de haut niveau qui nous permet d’identifier quasiment tous les virus hémorragiques. Les cas de Lassa que nous avons actuellement sont diagnostiqués chez nous », a-t-il indiqué.

« Nous avons aujourd’hui, et la technicité et les ressources humaines pour diagnostiquer en temps réel, ces épidémies », a-t-il ajouté.

L’évolution clinique de la maladie étant très variable, la détection de la maladie chez les personnes touchées est difficile. Cependant, quand la présence de la maladie est confirmée dans une communauté, l’isolement rapide des sujets touchés, de bonnes pratiques de protection contre l’infection et le suivi rigoureux des contacts peuvent permettre d’endiguer la flambée.

– Symptômes de la fièvre de Lassa –

La durée d’incubation varie de 2 à 21 jours. Quand la maladie est symptomatique, le début des manifestations cliniques est en général progressif, avec de la fièvre, une faiblesse généralisée et un mauvais état général.

Après quelques jours, les malades peuvent présenter des céphalées, une irritation de la gorge, des myalgies, des douleurs thoraciques, des nausées, des vomissements, des diarrhées, une toux et des douleurs abdominales.

Dans les cas graves, un œdème de la face, une pleurésie, une hémorragie buccale, nasale, vaginale ou digestive et une hypotension peuvent apparaître. Une protéinurie est possible. À un stade tardif, on peut trouver un état de choc, des convulsions, des tremblements, une désorientation pouvant aller jusqu’au coma.

La surdité survient chez 25% des malades qui survivent à la maladie. La moitié d’entre eux recouvrent en partie l’ouïe au bout d’un à trois mois. On peut observer des chutes de cheveux passagères et des troubles de la marche au cours de la convalescence.

Dans les cas mortels, le décès survient généralement dans les 14 jours qui suivent l’apparition des symptômes. La pathologie est particulièrement grave lorsqu’elle se déclare en fin de grossesse, le décès de la mère et/ou du fœtus survenant dans plus de 80% des cas observés durant le troisième trimestre.

– Diagnostic –

Comme les symptômes de la fièvre de Lassa sont très variables et peu spécifiques, le diagnostic clinique est souvent difficile, surtout aux premiers stades de la maladie.

Il est difficile de distinguer la fièvre de Lassa d’autres fièvres hémorragiques virales, comme la maladie à virus Ebola, et de beaucoup d’autres maladies provoquant de la fièvre, notamment le paludisme, la shigellose, la fièvre typhoïde et la fièvre jaune.

Le diagnostic de certitude exige des examens qui se font uniquement dans des laboratoires de référence. Les échantillons de laboratoire peuvent présenter un risque biologique et nécessitent une manipulation extrêmement prudente.

– Prévention et lutte anti-infectieuse –

La prévention de la fièvre de Lassa passe par la promotion d’une bonne « hygiène communautaire » pour éviter que les rongeurs ne pénètrent dans les habitations.

Parmi les mesures efficaces, on citera la conservation des céréales et plus généralement des denrées alimentaires dans des contenants résistant aux rongeurs, l’élimination des ordures loin des habitations, le maintien de la propreté à l’intérieur de celles-ci et la présence de chats.

Les rats Mastomys sont si abondants dans les zones d’endémie qu’il est impossible de les éliminer complètement de l’environnement. Les familles doivent toujours prendre soin d’éviter tout contact avec le sang et les liquides biologiques d’un malade. FIN

Edem Etonam EKUE

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