Diplomatie : Le Ghana ne reconnaît plus le Kosovo

Nana Akufo-Addo, le président ghanéen.

Le Ghana ne reconnaît plus le Kosovo, ancienne province serbe qui a proclamé son indépendance en 2008, a annoncé mardi le numéro 2 du ministère des Affaires étrangères à Accra.

« Le gouvernement du Ghana a décidé de ne plus reconnaître le Kosovo comme un État indépendant », a déclaré à l’AFP le vice-ministre des Affaires étrangères Charles Owiredu, ajoutant que cette décision a été notifiée à la Serbie par une lettre officielle.

« La décision du gouvernement ghanéen à l’époque a dû être inspirée par la quête de la paix et de l’harmonie », précise la lettre qu’a pu consulter l’AFP.

Le Ghana a décidé de revenir sur sa décision de 2012, considérant désormais qu’elle était « prématurée » et qu’il s’agissait d’une « violation » de la résolution 1244 du Conseil de sécurité de l’ONU, selon ce courrier.

Cette résolution de 1999 place le Kosovo sous protection internationale tout en le considérant comme partie intégrante de la Yougoslavie (à laquelle a succédé la Serbie en droit international).

Dans la foulée de la proclamation de son indépendance en 2008, le Kosovo a été reconnu par les États-Unis et la plupart des pays de l’Union européenne, mais pas par Belgrade, ni par la Russie ou la Chine, ce qui lui ferme la porte de l’ONU.

Le ministère serbe des Affaires étrangères a salué dans un communiqué la « décision importante » du Ghana, rappelant qu’il devient « le seizième Etat (…) membre des Nations unies à avoir retiré sa reconnaissance du Kosovo ».

Il s’agit surtout de petits pays, et le chef de la diplomatie serbe Ivica Dacic a tenu à souligner que le Ghana était le plus grand pays à être revenu sur sa décision à propos du Kosovo.

« C’est le résultat d’une politique que nous menons depuis plusieurs années », s’est-il félicité. Selon lui, la décision du Ghana « va certainement inciter d’autres pays (…) à retirer leur décision sur la reconnaissance » du Kosovo.

La Serbie se livre à une guérilla diplomatique pour empêcher l’admission du Kosovo dans les institutions internationales et s’opposer à la reconnaissance de son indépendance.

De leur côté, les autorités de Pristina affirment que ce pays de 1,8 million d’habitants, essentiellement des Albanais, a été reconnu par 116 pays (sur 193 membres de l’ONU).

La liste de ces pays publiée sur le site du ministère des Affaires étrangères kosovar n’avait pas été modifiée mardi en milieu de journée, le Ghana y figurait toujours.

« Il s’agit de la poursuite d’une sale campagne d’Ivica Dacic et d’une vaine perte de temps », a déclaré à la presse à Pristina Jetlir Zyberaj, un conseiller du chef de la diplomatie kosovare.

Un émissaire de Washington pour les Balkans occidentaux, Matthew Palmer, avait déploré début novembre, lors d’une visite au Kosovo, « les efforts » déployés par la Serbie visant à « délégitimer le Kosovo ».

« Sa campagne visant à inciter des pays à retirer leur reconnaissance du Kosovo et à bloquer l’adhésion du Kosovo aux organisations internationales doit cesser », avait-il dit.

SOURCE : AFP