Crise/Dialogue : Des consultations tous azimuts, les togolais toujours dans l’attente des discussions (PAPIER D’ANGLE)

« J’ai reçu une délégation de l’opposition togolaise à sa demande, à ma résidence sur la crise togolaise en qualité d’ancien Président du Bénin et de l’Union Africaine (…) La sirène de la division est la voie à bannir à jamais au Togo comme en Afrique. Nous sommes de cœur avec le Peuple togolais », écrit l’ancien président béninois Boni Yayi sur sa page Facebook.

Cette semaine, le président ghanéen Nana Akufo-Addo a reçu à Londres, l’ancien ministre de l’intérieur togolais François Boko. Le franco-togolais Kofi Yamgnane aurait été également consulté. Dans le même temps à Paris, le président guinéen et président en exercice de l’Union africaine Alpha Condé recevait trois leaders de la coalition des 14 partis politiques de l’opposition.
Mme Adjamagbo Johnson, Tikpi Atchadam et le chef de file de l’opposition Jean Pierre Fabre ont été d’ailleurs reçus à deux reprises. Pour le moment rien n’a concrètement filtré de ces entretiens.

« Le président Condé et les membres de la délégation de l’opposition ont convenu de la nécessité de créer un climat d’apaisement devant ouvrir la voie aux négociations annoncées », indique un communiqué rendu public par la délégation de l’opposition.

Le président Condé a de son côté, affirmé avoir seulement reçu un « mémorandum » de la coalition.

Mais de quoi les deux parties ont vraiment discuté ? Rien que des supputations pour le moment en attendant la prochaine sortie de la coalition.
En tout cas, les consultations se poursuivent, car le président ghanéen aurait reçu l’ancien ministre de l’administration territoriale Pascal Bodjona et ancien «pion» du régime, selon des sources concordantes.

« L’entretien s’est déroulé à Accra, sur invitation du président ghanéen », a affirmé ce vendredi à l’Agence Savoir News, un proche de M. Bodjona.

Mandaté par ses pairs de la sous-région pour mener la médiation entre les protagonistes de la crise qui secoue le Togo depuis plus de trois mois, le président ghanéen ratisse vraiment large, histoire de mieux cerner tous les contours de la situation qui prévaut dans le pays.

A cette allure, la société civile ne sera pas en reste, elle sera aussi consultée les jours à venir, car la crise a atteint son paroxysme et il est grand temps de trouver une solution durable à cette crise politique récurrente au Togo.

— « Rapidement’ » le dialogue —

La coalition de l’opposition exige notamment le retour à la Constitution originelle de 1992, la révision du cadre électoral et l’instauration du droit de vote des togolais de l’étranger.

Les 14 partis politiques réclament également la libération de toutes les personnes incarcérées dans le cadre des manifestations. Certains leaders de ce regroupement exigent aussi le départ du président Faure Gnassingbé.

Cette nouvelle crise qui secoue le pays a déjà fait 14 morts et d’importants dégâts matériels notamment à Sokodé et à Mango (nord).

« Nous sommes à une étape dans le pays où sans dialogue, il y aura affrontements. Les gens manifestent sur l’ensemble du pays depuis des mois. L’économie du pays en prend un coup sérieux. L’autorité politique doit se rendre compte de la situation et organiser rapidement le dialogue », a averti Me Zeus Ajavon.

« Commençons ce dialogue et posons les préliminaires. On ne peut qu’espérer que les choses évoluent dans le bon sens », a-t-il souligné.

Pour l’instant, aucune date n’a encore été fixée pour la tenue des discussions. Elles auront lieu « d’ici à quelques semaines », avait affirmé lundi dernier à Abidjan, le président Faure Gnassingbé.

« Quelle que soit la situation, quelles que soient les évolutions, cela doit se terminer par le dialogue et ce dialogue est en cours de préparation. Pour dialoguer il faut être deux, ma seule voix ne suffit pas. Les tractations sont en cours. Je pense que d’ici à quelques semaines ce dialogue pourra s’ouvrir », avait-il déclaré à la presse, après un entretien avec son homologue ivoirien Alassane Ouattara.

La communauté internationale (notamment les Etats-Unis, la France, la Francophonie, la Cédéao et l’Union africaine) a appelé à plusieurs reprises, le pouvoir et l’opposition à se retrouver autour d’une table.

La Délégation de l’Union européenne, la Coordination du Système des Nations Unies et les Ambassades d’Allemagne, de France, et des Etats-Unis d’Amérique au Togo ont aussi « encouragé » toutes les parties concernées « à reprendre le dialogue pour sortir de la crise actuelle ».

Pour certains, le chef de l’Etat doit personnellement s’impliquer dans ce dialogue.

« Nous proposons donc que le dialogue commence par une rencontre de haut niveau entre le chef de l’État et le chef de file de l’opposition pour déblayer le terrain en vue du dialogue entre les partis parlementaires », a suggéré Séna Alipui, président de la section Canada de l’Union des forces de changement (UFC).

« Si la Côte d’Ivoire, grâce à l’accord Bédié-Ouattara a pu renaître des cendres de la guerre, il n’y a aucune raison que le Togo reste le seul État de la Cédeao sans alternance dans lequel faute d’élections présidentielles libres et transparentes le débat se déplace dans la rue. Asseyons-nous, et discutons… car le dialogue c’est l’arme des forts… », a-t-il ajouté. FIN

Edem Etonam EKUE

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