Crise au Togo : Les lignes n’ont pas bougé, l’opposition encore dans les rues (PAPIER D’ANGLE)

Les positions se radicalisent, pouvoir et opposition s’observent en « ennemis ». Telle est la situation ces derniers jours au Togo, secoué depuis plus de deux mois par une crise, ponctuée de manifestations de la coalition ayant fait déjà 14 morts (dont deux militaires lynchés).

Plusieurs blessés et d’énormes dégâts matériels surtout à Sokodé (ville située à environ 336 km au nord de Lomé) où plusieurs édifices publics ont été saccagés et incendiés.

« Les multiples appels au +dialogue+ n’ont apparemment rien changé, car on ne voit aucun geste d’ouverture de la part des protagonistes. Chaque partie campe sur sa position. Personne ne veut faire le premier pas et on s’observe. C’est vraiment malheureux », commente un ancien député.

La coalition de l’opposition (regroupement de 14 partis politiques) exige notamment le « retour » à la constitution originelle de 1992, la révision du cadre électoral et l’instauration du droit de vote des togolais de l’étranger.

Elle exige également « l’arrêt immédiat des persécutions, des arrestations, des poursuites et des violences à l’encontre des militants et dirigeants des partis politiques de l’opposition ».

La coalition « dénonce » et « condamne » les « traitements inhumains infligés aux détenus politiques » et exige leur « libération immédiate et sans conditions ».

Certains demandent également le départ du président Faure Gnassingbé.
Ces derniers jours, les Etats-Unis, la France, la Francophonie, la Cédéao et l’Union africaine ont appelé le pouvoir et l’opposition au « dialogue ».

Le groupe des ambassadeurs et chefs de missions diplomatiques et consulaires africains accrédités au Togo ont aussi exhorté le pouvoir et l’opposition à se retrouver autour d’une table.

« Le chef de l’Etat est la seule personne capable de trouver une issue favorable à cette crise. Il faut une petite dose de volonté politique pour calmer les esprits et faire revenir tout le monde à la table de discussions », analyse un journaliste, directeur de publication d’un hebdomadaire.

« C’est ce silence du premier magistrat du pays qui irrite surtout les responsables de la coalition », ajoute ce journaliste sous le couvert de l’anonymat.

Encore 3 jours de manifs

Les partisans de la coalition de l’opposition vont encore battre le pavé les 7, 8 et 9 novembre à Lomé et à l’intérieur du pays.

« Ces manifestations se dérouleront sur l’ensemble du pays pour exiger la restitution à notre peuple, sa souveraineté », souligne un communiqué de la coalition rendu public.

Le gouvernement avait suspendu provisoirement, les « marches » les jours ouvrables, suite aux violences enregistrées.

Mais apparemment, les choses sont rentrées dans l’ordre et les deux parties se sont entendues sur les itinéraires, avait indiqué à la presse mardi dernier lors d’une conférence de presse, Antoine Folly.

Le même jour, les autorités ont tenu une séance avec les responsables des partis politiques, afin de trouver les meilleures formules pour des manifestations pacifiques.

La coalition de l’opposition a boycotté cette rencontre au cours de laquelle, une série de recommandations ont été formulées par les participants.

Au total 6 recommandations ont été retenues dont le respect scrupuleux de l’itinéraire (du point de départ au point de chute recommandé) et des dispositions de la loi fixant les conditions d’exercice de la liberté de réunions et de manifestations pacifiques publiques.

Les forces de l’ordre sont invitées à demeurer professionnelles et patientes au cours de l’encadrement des manifestations.

Des observateurs des manifestations seront désignés pour le suivi desdites manifestations de la façon suivante: une équipe relevant des organisateurs, une équipe relevant des services de sécurité, une équipe relevant des organisations de défense des droits de l’homme et de la société civile.

Il est demandé aux organisateurs des manifestations, de lancer des appels à l’endroit des manifestants pour qu’ils observent au cours des marches, la non-violence, qu’ils évitent de provoquer les forces de l’ordre, requises pour l’encadrement des marches.

Les participants à la rencontre ont souhaité une collaboration entre les forces de l’ordre et les éléments de services d’ordre relevant des partis politiques organisateurs.

« L’opposition a déjà démontré sa force. Il faut maintenant trouver le petit créneau et discuter. C’est une perte de temps. Qu’est-ce qui prouve qu’il n’y aura pas encore d’incident à l’intérieur du pays ? Allons plutôt aux choses sérieuses », critique Elise Gbodinon, enseignante à la retraite.

« Il vaut mieux faire l’économie de ces luttes avant d’aller en dialogue », a renchéri Spéro Kodjo Mahoulé, président du Collectif des associations contre l’impunité au Togo (CACIT).

Le Collectif a dressé ce jeudi, un tableau très inquiétant, en matière des droits de l’homme, depuis le déclenchement des manifestations le 19 août dernier. FIN

Junior AUREL

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