Crise au Togo : Le dialogue peine à démarrer, l’opposition à nouveau dans les rues (PAPIER D’ANGLE)

Tractations de couloir menées par les médiateurs, consultations tous azimuts conduites par le gouvernement… le dialogue tant annoncé par les autorités togolaises depuis plusieurs jours, peine à démarrer.

Les 14 partis politiques de la coalition de l’opposition exigent des « mesures d’apaisement », notamment la libération de toutes les personnes arrêtées et écrouées dans la foulée des manifestations et celles détenues dans les prisons du pays dans l’affaire des incendies.

Certaines personnes arrêtées dans le cadre des manifestants (dont les Imams de Sokodé et de Bafilo), ont été remises en liberté.

« Si ces mesures d’apaisement ne sont pas prises, le dialogue ne va pas démarrer », a averti à plusieurs reprises Jean Pierre Fabre (chef de file de l’opposition).

Pour la coalition, les conditions ne sont pas encore réunies pour aller à la table de négociation.

Avis contraire du côté du gouvernement pour qui, « toutes les conditions sont bien réunies » pour dialoguer.

Dans la foulée le Premier ministre a entamé mardi à la Primature, des « consultations », afin de recueillir les « suggestions » de ces partis politiques invités sur le « format et les modalités » du dialogue.

M. Fabre, premier sur la liste, n’était pas rendez-vous. Dans la matinée, des délégations de l’Union des Forces de Changement (UFC de Gilchrist Olympio) — parti qui participe au gouvernement depuis 2010 — et de l’Union pour la République (UNIR, parti au pouvoir) ont été reçus.

Au total cinq partis politiques (sur les 14 de la coalition) ont été appelés à ces consultations, mais ils ne répondront pas à l’invitation du gouvernement.

« Ce sont des manœuvres de diversion. Le gouvernement est disqualifié pour mener ces consultations. Ceux qui doivent nous appeler pour des consultations, ce sont les médiateurs », a martelé Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson (coordonnatrice de la coalition de l’opposition).

« La crise que nous traversons est profonde, et le gouvernement doit prendre la mesure de la situation », a averti Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson, sur le plateau de Radio Victoire Fm.

La rue va encore gronder

Les 14 partis politiques ont appelé à de nouvelles manifestations mercredi, jeudi et samedi à Lomé et dans plusieurs autres villes du pays.

Ils exigent notamment le retour à la Constitution originelle de 1992, la révision du cadre électoral et l’instauration du droit de vote des togolais de l’étranger.

Ils réclament également la libération de toutes les personnes incarcérées dans le cadre des manifestations. Certains leaders de ce regroupement exigent aussi le départ du président Faure Gnassingbé.

« J’ai l’impression que la situation arrange les deux parties. Autant se retrouver autour d’une table et vider tous les problèmes y compris le reste des mesures d’apaisement. Du côté du pouvoir, on cherche aussi à gagner du temps, en initiant des consultations qui n’ont aucun sens », a commenté Eric Djivou, consultant dans une organisation internationale.

C’est la 18è marche que la coalition organisera mercredi, depuis le début de la crise en août dernier. Des violences ont été enregistrées à certains endroits notamment à Sokodé, Bafilo et Mango, trois villes où les manifestations sont interdites depuis quelques semaines.

Quatorze personnes dont deux militaires ont trouvé la mort. Plusieurs dégâts matériels enregistrés dont des bâtiments publics et des maisons privées saccagés et incendiés.

La communauté internationale notamment les Etats-Unis, les Nations-Unies, la France, la Francophonie, la Cédéao et l’Union africaine ont appelé à plusieurs reprises, le pouvoir et l’opposition à se retrouver rapidement autour d’une table.

Précisons que le gouvernement avait promis d’organiser un référendum pour faire adopter une réforme qui prévaut notamment une limitation des mandats présidentiels, mais la mesure prévue n’étant pas rétroactive, elle permettrait au président Faure Gnassingbé de se présenter aux scrutins.

« Ce référendum se prépare », a précisé jeudi dernier, le ministre de l’administration territoriale, lors d’une conférence de presse. FIN

Edem Etonam EKUE

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