Coup d’État au Burundi: La radio nationale n’émet plus

D’après une source militaire, le premier bataillon parachutiste et le 11ème bataillon blindé seraient à l’origine de l’assaut de ce jeudi contre la Radio et télévision nationale burundaise.

La radio nationale burundaise, attaquée par les putschistes burundais qui tentent d’en prendre le contrôle aux troupes loyales au président Pierre Nkurunziza, n’émettait plus jeudi après-midi, a constaté un journaliste de l’AFP.

Le journaliste ne pouvait plus capter la radio sur sa fréquence habituelle. Le directeur de la station a confirmé que l’émetteur avait été coupé : « Nous sommes attaqués, c’est vraiment très très fort, l’émetteur vient d’être coupé, on n’émet plus », a-t-il dit.

Des rafales de tirs de mitrailleuse entrecoupées de tirs d’obus étaient entendus à proximité de la Radio et télévision nationale burundaise (RTNB) ce jeudi, a constaté un journaliste de l’AFP à qui un général putschiste a confirmé qu’une offensive avait été lancée.

D’après une source militaire, le premier bataillon parachutiste et le 11ème bataillon blindé seraient à l’origine de l’assaut.

Selon le général, s’exprimant sous couvert d’anonymat, deux des principales unités du camp putschiste « viennent de recevoir l’ordre de prendre la RTNB et cela devrait se faire rapidement car ils en ont les moyens ».

Les tirs sont intervenus immédiatement après la diffusion d’une allocution sur la RTBN du président Pierre Nkurunziza, bloqué en Tanzanie depuis le début de la tentative de coup d’Etat contre lui mercredi.

D’autres médias attaqués

Des radios privées burundaises, dont la très populaire RPA, et la principale télévision indépendante du pays ont aussi été attaquées dans la nuit de mercredi à jeudi par des partisans du président Pierre Nkurunziza visé par une tentative de coup d’État, ont affirmé à l’AFP les patrons de ces médias.

« Cette nuit, une camionnette remplie de policiers a attaqué la RPA. Ils ont affronté pendant longtemps des soldats qui protégeaient cette station. Finalement ils ont tiré à la roquette sur la RPA, qui a été incendiée », a affirmé Innocent Muhozi, président de l’Observatoire de la presse au Burundi et patron de Télé Renaissance, elle aussi attaquée selon lui.

Selon un journaliste de l’AFP, les locaux de la RPA étaient toujours en feu jeudi matin, et les murs criblés d’impact de balles.

M. Muhozi a affirmé que sa télévision avait également été attaquée par des policiers loyaux à Pierre Nkurunziza, accompagnés de jeunes du parti au pouvoir, le Cndd-FDD.

« Ils ont aussi attaqué Télé Renaissance. Il y a eu des affrontements et une de nos techniciennes est grièvement blessée au ventre », a-t-il dit à l’AFP.

Le patron d’un troisième média, Radio Bonesha, a lui aussi affirmé que sa station avait été visée, également selon lui par des policiers accompagnés d’Imbonerakure.

Les Imbonerakure sont qualifiés de « milice » au service du pouvoir par l’ONU et accusés de campagnes d’intimidation contre les opposants au président Nkurunziza.

« Notre station a été attaquée. Il y a eu des affrontements avec des soldats de faction » qui la protégeaient, a déclaré à l’AFP le directeur, Patrick Nduwimana, ajoutant qu’une grenade avait explosé.

Le président dans un endroit « tenu secret »

Le général Godefroid Niyombare, ex-chef des services de renseignements burundais et ex-compagnon d’armes de Pierre Nkurunziza au temps de la guerre civile (1993-2006), a annoncé mercredi la destitution du chef de l’État alors que ce dernier se trouvait en déplacement officiel en Tanzanie.

La présidence burundaise et le chef d’état-major de l’armée ont affirmé que le coup d’État avait échoué, ce qu’a démenti le camp putschiste.

Source : AFP