Bénin: Le parquet requiert 20 ans d’emprisonnement contre l’opposant Ajavon

Sébastien Ajavon.

Le parquet béninois a requis jeudi 20 ans d’emprisonnement et a émis un mandat d’arrêt contre le président d’un parti politique d’opposition et riche homme d’affaires, Sébastien Ajavon, actuellement en France, et ses avocats ont dénoncé un « simulacre de justice ».

M. Ajavon, qui a refusé de se présenter à l’audience en dénonçant des fraudes dans le système judiciaire, est accusé de trafic de cocaïne à l’échelle internationale après la découverte d’environ 18 kg de cocaïne pure d’une valeur estimée à 9 milliards de francs CFA (14 millions d’euros) dans un conteneur destiné à l’une de ses sociétés en octobre 2016.

Lors de l’audience à Porto-Novo, à la cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), un tribunal spécial créé fin août, les avocats de la partie civile ont requis la peine maximale, soit 20 ans  d’emprisonnement.

Le jugement devrait être rendu à 16h00 (15h00 GMT) dans une atmosphère très tendue: un important dispositif policier a été déployé avec de nombreux véhicules anti-émeutes et barrières entourant la Criet, empêchant les manifestants d’y accéder, a rapporté un journaliste de l’AFP.

Les dix avocats de la défense, qui n’ont toujours pas eu accès au dossier de leur client et qui ne savaient pas de quoi M. Ajavon était accusé jusqu’à la première convocation le 4 octobre, n’ont pas eu le droit à la parole, le juge ayant imposé la présence physique du prévenu comme condition pour sa défense.

« Tous les avocats sont muselés, sauf les avocats de la partie civile », s’est indigné Me Bensimhon, la voix enrouée par la colère. « Ce qu’il s’est passé (pendant l’audience) est inadmissible. Cela fait 34 ans que je suis avocat, et je n’ai jamais eu à vivre une telle situation », a-t-il indiqué à la presse.

Dans une conversation téléphonique avec l’AFP, Me Bensimhon a confié craindre que la peine maximale soit prononcée, prenant l’exemple d’une affaire similaire qui s’est soldée le matin même par 20 ans d’emprisonnement.

M. Ajavon, qui se rend en Europe régulièrement pour les affaires était en France depuis trois jours lorsqu’il a reçu la convocation de la Criet.

Candidat à la présidentielle de 2016, Sébastien Ajavon, qui a fait fortune dans l’agroalimentaire, était arrivé troisième, et s’était rallié à l’actuel président Patrice Talon.

Mais les relations entre les deux hommes, deux milliardaires qui sont opposants en politique et dans les affaires, se sont vite dégradées, Sébastien Ajavon ayant été visé par la justice dans plusieurs affaires.

Fin mars 2018, il a relancé sa carrière politique, en fondant son propre parti en vue de la présidentielle de 2020, l’Union sociale libérale (USL).

SOURCE : AFP