Badjibassa Babaka : « Pour toute structure qui se veut responsable, il faut qu’elle dispose d’un cadre cohérent d’exercice de ses activités »

Badjibassa Babaka.

Le plan stratégique de la HAAC sera soumis lundi à un atelier national à Lomé, pour sa validation. Un certain nombre d’Institutions et de corporations des médias viendront du Ghana, du Burkina et du Bénin pour cet atelier dont les travaux seront clôturés par le Premier ministre, Selom Komi Klassou.

Dans une interview accordée à certains organes dont l’Agence Savoir News, Badjibassa Babaka (Rapporteur / HAAC), revient largement sur cet atelier. Il a également mis l’accent sur les cinq axes de ce plan stratégique.

Savoir News : Quelle est la portée de cet événement pour la HAAC ?

Badjibassa Babaka : Merci pour cette occasion que vous nous offrez pour pouvoir informer clairement la communauté nationale et internationale de la tenue le lundi 8 avril 2019 de cet atelier national d’adoption du plan stratégique de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC).

Pour l’Instance de régulation de la communication au Togo, c’est un événement très important, c’est une première d’ailleurs dans notre pays. Car c’est la première fois qu’au niveau de notre instance, un cadre clair, qui définit l’exécution de notre mission, est élaboré. Et pour cela, nous avons tenu à impliquer toutes les composantes, toutes les parties prenantes dans les missions de la HAAC, pour pouvoir ensemble, déterminer la manière dont nous devons efficacement conduire notre action pour les cinq prochaines années.

Donc, c’est ce cadre, cette boussole qui a été élaborée avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) au Togo, que nous voulons soumettre une dernière fois, au visa de toutes les parties prenantes pour que nous puissions, à partir de cette année et pour les cinq prochaines années, avoir véritablement un environnement qui nous permette de mener correctement notre mission. Donc lundi, nous avons souhaité obtenir du Premier ministre, qu’il patronne ces travaux, tout simplement parce que cette action de la HAAC doit s’intégrer dans l’ensemble de la politique de développement du gouvernement. Et comme vous le savez, le gouvernement a lancé et conduit ses actions dans le cadre du Plan national de développement (PND), et naturellement tout ce qui est défini comme activités autour de la mission de la HAAC s’intègre totalement dans ce plan.

Alors, le fait que le Premier ministre ait accepté de patronner les travaux, est pour nous, une fierté.

Comment les choses vont se dérouler le lundi ?

Autour du Premier ministre, seront réunis un certain nombre de parties prenantes, notamment tout le corps des professionnels de la communication : les médias, les organisations professionnelles de la presse, de même que les acteurs de la publicité. Nous avons associé également, tous les partenaires techniques et financiers qui vont se retrouver autour du PNUD, pour donner un coup de pouce à ce programme que nous avons élaboré.

Lundi, nous allons travailler toute la journée. Initialement, on avait étalé les travaux sur deux jours, mais à partir d’un certain nombre d’échanges, nous avons convenu que le travail pourrait être fait en une journée.

Les travaux seront lancés le matin et vont se poursuivre jusqu’à 17H. Tout le travail sera achevé et le programme définitivement adopté et présenté officiellement aux autorités.

Voilà l’essentiel de ce qui nous attend lundi prochain à l’Hôtel 2 février où vont se dérouler les travaux.

Qu’est-ce qui a poussé la HAAC à se doter d’un plan stratégique ?

Pour toute structure qui se veut responsable, il faut qu’elle dispose d’un cadre cohérent d’exercice de ses activités. Jusque-là, cela n’a pas été fait au niveau de la HAAC au Togo, depuis son existence sous la forme actuelle en 2004. Nous avons estimé cette fois-ci qu’il était temps de nous organiser dans ce sens.

C’est en cela que le travail qui a été fait par des consultants que le PNUD a mis à notre disposition, nous a permis de pouvoir d’abord, identifier les valeurs autour desquelles nous devons exercer la mission de la HAAC (mission définie par les textes réglementaires). Mais, il faut insister sur un certain nombre de valeurs à développer, au niveau du corps des métiers de la communication et puis en second lieu, essayer de recentrer l’ensemble de nos activités autour de cinq axes, clairement définis dans ce plan stratégique.

Effectivement, quels sont les axes de ce plan stratégique ?

Le premier axe concerne la réorganisation des services de la HAAC, car tant qu’on n’a pas un support administratif technique conséquent, il va être difficile de procéder à une bonne exécution de notre mission. Le deuxième axe porte sur la couverture nationale de l’exercice de la mission. Les équipements que nous utilisons aujourd’hui pour assurer le suivi des prestations des médias, notamment au niveau de l’audiovisuel, sont beaucoup plus concentrés au niveau de Lomé et ses environs. Nous sommes obligés de nous référer à des personnes à l’intérieur du pays pour gérer les autres médias audiovisuels. Cette fois-ci, il est nécessaire que la HAAC décentralise ses services, que les services puissent être implantés dans les cinq régions du pays. Et c’est d’ailleurs une activité qui va convenablement et efficacement accompagner la politique nationale de décentralisation, dans la mesure où demain, notre pays sera structuré en 117 communes. Et il est important qu’au niveau de la HAAC, nous nous rapprochions de ces communes, d’autant plus que nous nous attendrons aussi à une explosion de médias.

Le troisième axe nous permettra de recentrer le travail même des professions de la communication, que ce soit au niveau de la presse, de la publicité et du cinéma, car il est essentiel que le travail qui s’y fait et ceux qui y travaillent, se retrouvent être des professionnels et non des amateurs. Et cela mérite que nous puissions identifier les actions qui vont accompagner les professionnels à véritablement avoir les compétences pour exercer leur métier. Nous devons revoir l’ensemble du substrat législatif réglementaire pour un meilleur exercice des professions de la communication et faire en sorte que nos entreprises, surtout de la presse, soient de véritables entreprises.

Nous avons donc envisagé une série d’activités à conduire pour pouvoir permettre à l’environnement médiatique d’être plus performant.

Le quatrième axe est essentiellement consacré à l’Institution : son existence, son rayonnement et ses performances. Il est aussi nécessaire que nous puissions identifier des activités qui permettent à l’Institution – dans le cadre de ses propres activités – de créer des relations saines avec les professionnels, faire en sorte que nous puissions nous retrouver régulièrement et échanger avec les professionnels de la communication, même créer des relations avec tous les autres corps de la société. Car, là aussi, nous constatons que les missions de la HAAC ne sont pas très connues.

Au dernier et cinquième axe, nous avons essayé d’identifier toutes les actions qui permettront à la HAAC de jouer un véritable rôle au sein de la sous-région. Notre Institution fait partie d’un certain nombre de structures régionales, nous avons un rôle important à jouer. Et comme vous le savez, aujourd’hui, la communication n’est plus un domaine stricto-national, c’est un domaine sans frontière. Il est donc important que nos synergies avec les autres instances de régulation de la communication dans la sous-région ouest africaine, en Afrique et dans le monde, puissent permettre que nous définissions le cadre d’exercice de profession liée à la communication.

Voici les cinq axes principaux autour desquels est bâti le plan stratégique de la HAAC et que nous voulons soumettre à l’examen des différentes parties prenantes.

Est-ce à dire que les textes qui régissent la HAAC seront mis en veilleuse, après l’adoption de ce plan stratégique ?

 

Non. Le plan stratégique est la traduction en activités des textes qui régissent et qui organisent l’exercice de la mission d’une Institution, comme la HAAC. C’est d’ailleurs, le fait qu’il y ait des textes qui définissent la mission, que nous pouvons déployer à partir de ces textes-là, ce que nous allons faire, en nous cadrant sur une période de cinq ans. C’est une sorte de programme balisé sur cinq ans, qui va nous aider plus à mobiliser les moyens, à savoir où nous allons, comment nous y allons et quels sont les résultats que nous devons atteindre en cinq ans. Déjà au bout de trois ans, nous ferons un bilan à mi-parcours, pour voir si véritablement, nous suivons le programme.

Il est possible qu’il y ait des réajustements progressifs. Car, il n’est pas interdit qu’en cours de route, il y ait des réadaptations compte tenu de l’évolution du monde. Donc, nous ne mettons en veilleuse aucun texte. Au contraire, ce sont ces textes-là qui nous permettent d’organiser le travail qui va se faire pendant les cinq prochaines années.

Quels sont les avantages de ce plan pour la HAAC ?

Le premier avantage, c’est que la HAAC dispose d’une feuille de route, car avec une feuille de route, vous savez là où vous allez, comment y aller et quels sont les résultats à atteindre à court, moyen et long terme. Le deuxième avantage, c’est un cadre qui vise non seulement à favoriser le développement des médias, mais également et surtout à faire doter les médias des outils nécessaires pour que l’exercice se fasse selon les normes.

Le troisième et dernier avantage, tous les partenaires qui souhaiteraient appuyer la HAAC savent dans quels domaines précis, ils peuvent l’appuyer

Pouvons-nous avoir une idée de ceux qui sont invités à cet atelier ?

Hormis les invités qui résident sur le territoire national, nous attendons d’autres qui viendront du Ghana, du Burkina et du Bénin.Principalement, nous aurons l’honneur d’avoir avec nous, les présidents des Instances de régulation de la communication du Bénin et du Burkina Faso. FIN

Propos recueillis par Abbée DJAGLO