Africaine et cuisinière 2.0, Karelle Vignon partage ses « Gourmandises » (MAGAZINE)

Béninoise née en France et gourmande assumée, Karelle Vignon-Vullierme a « appris à faire à manger sur Internet » pour son mari. Etablie à Dakar depuis 2012, elle partage désormais sa cuisine sur un blog très consulté et via les réseaux sociaux, avec des milliers d’abonnés.

De l’ »amiwô » (plat béninois à la pâte rouge) à la soupe marocaine harira en passant par les lasagnes, les avocats farcis ou le cheesecake, le choix des recettes proposées sur son blog « Les Gourmandises de Karelle » (http://lesgourmandisesdekarelle.com (link is external)) est large et varié.

Pendant le ramadan, cette journaliste de formation multiplie les conseils de plats ou d’adresses pour le repas de rupture du jeûne.

L’objectif « n’est pas d’apprendre aux gens comment faire à manger. J’ai juste envie de leur montrer comment manger autrement, préparer autrement avec des ingrédients pas chers, disponibles au marché, des produits locaux », explique à l’AFP cette trentenaire enjouée.

Il s’agit pour elle de donner des idées à une jeunesse urbanisée, ne sachant pas forcément préparer des mets et n’ayant « plus le temps de rester trois, quatre heures dans la cuisine ».

Créé « en décembre 2013-janvier 2014 », son site atteint aujourd’hui 120.000 vues par mois en moyenne, avec des comptes sur différents réseaux sociaux, dont Instagram (15.000 abonnés), explique-t-elle.

Dans sa jeunesse, en France, elle a longtemps fui les fourneaux.

« Mais en fait, je suis une grande gourmande » qui a de la chance, avoue-t-elle, « ma mère sait très bien préparer. Quand elle me disait : +Karelle, viens à la cuisine, on apprend ça !+, je lui disais : +Non, appelle-moi quand c’est prêt !+ ».

– Sucré-salé –

Partie étudier au Canada, elle y rencontre Olivier Vullierme, un Franco-Sénégalais qu’elle suit « par amour » au Sénégal en août 2012, confie la blogueuse dans leur appartement au calme feutré.

M. Vullierme, qui travaille dans l’ingénierie des télécommunications, raconte que son épouse savait à peine cuisiner quand il l’a connue. Ce qu’elle-même confirme en riant : « J’ai appris à faire à manger sur Internet !

Les sites Marmiton, Cuisine AZ et 750g, c’était mon trio. Ensuite, j’ai découvert +Hervé cuisine+ qui fait des vidéos sur YouTube ».

Elle s’est donc lancée. Cuisinant salé « parce que mon mari aime ça », mais aussi sucré car « moi, je suis très pâtisserie » — pour l’équipe de l’AFP, elle concoctera un délicieux moelleux au chocolat et à la banane…

Au début, elle postait des photos de ses plats sur Facebook et envoyait les recettes par e-mail aux amis qui les réclamaient.

Quand la demande a pris de l’ampleur, elle a pensé à « une plateforme sur le net, gratuite, accessible partout et par tous ». Ainsi est né le blog : « D’abord pour qu’on arrête de m’envoyer des messages me demandant : +Comment t’as fait ça ?+ ».

Depuis, elle y publie une recette chaque lundi. Pédagogique et esthétique, le site propose aussi des avis sur des restaurants, des « bons plans » et des « conseils concernant le rééquilibrage alimentaire ».

Début 2014, indique-t-elle, « j’étais à environ 9.000-10.000 visites par mois et je trouvais ça déjà énorme ! »

– A plein temps –

Les 120.000 visites mensuelles du site comprennent « deux publics différents selon les plateformes », précise Olivier Vullierme, qui appuie son épouse dans son travail : « Sur tout ce qui est réseaux sociaux, ce sont majoritairement des Africains, basés en Afrique, mais sur le blog, c’est un public beaucoup plus français ».

Mme Vullierme a arrêté de travailler en 2016 pour se consacrer « à temps plein au blogging » et ne le regrette pas : son expérience lui vaut d’être invitée à différents évènements et le blog lui a rapporté plusieurs distinctions.

« Ca marche côté passion. Côté finances, je ne peux pas dire encore que j’en vis », affirme-t-elle, même si la publicité sur le site génère de petits revenus et que des marques commencent à la solliciter pour créer des recettes.

Elle a aussi lancé son application et souhaite voyager dans plusieurs villes africaines pour y « découvrir ce qu’on mange, les bons plans ».

Sur les réseaux sociaux, les échos sont positifs. « Enfin je m’exerce, je n’ai pas eu la chance d’apprendre avec maman », témoigne ainsi, sur Twitter, @FOLACHADE05, étudiante.

Olivier Vullierme se dit « très fier » de Karelle, soulignant combien elle s’astreint à respecter ses engagements et son public, qui ne voit que le côté glamour : « Elle bosse tous les jours » à réaliser les recettes, écrire les articles, faire les photos, monter les vidéos et répondre aux messages.

« Il n’y a pas de vacances. C’est la face cachée de l’iceberg ».

SOURCE : AFP