Thèse de doctorat sur trois langues +gbe+: Mlle Ayélé Rosalie Eklu-Koevanu a soutenu sa thèse avec une mention « très honorable avec félicitations du jury »

Mlle Ayélé Rosalie Eklu-Koevanu a soutenu mercredi à Lomé, sa thèse de doctorat unique option linguistique sur trois langues +gbe+, avec mention très honorable, a constaté une journaliste de l’Agence Savoir news.

Elle a également reçu les félicitations du jury. C’est le petit amphi de l’ancienne Direction des Formation (Ex-DIFOP) de l’Université de Lomé qui a servi de cadre à cette soutenance.

Il s’agit d’un examen particulier appelé soutenance de thèse de doctorat unique pour l’obtention du grade de Docteur de l’Université de Lomé. Cette soutenance est axée sur le thème: « Microstructures de numérisation et de calendrier de trois langues +GBE+: l’éwé, le Gengbé et le Fongbé: convergences et divergences ».

Ce thème a été brillamment présenté et soutenue par la candidate devant un jury présidé par le Professeur Philippe Lebené Bolouvi, doyen honoraire à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines (FLESH) à l’Université de Lomé (UL).

Le président était assisté du directeur de la thèse, Professeur Kossi Antoine Afeli (rapporteur), et de deux membres : Professeur Serge Glitho (UL) et du Professeur Mamoud Akanni Igué, doyen honoraire de la Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines (FLASH) de l’Université l’Abomey-Calavi au Bénin. Plusieurs enseignants de l’UL et invités étaient également présents.

Pendant une vingtaine de minutes, Mlle Ayélé Eklu-Koevanu a présenté son travail dans un langage clair et nettement compréhensible. Elle a expliqué les raisons qui ont motivé le choix du thème, les grandes articulations de sa thèse et la méthodologie. Elle a également présenté les résultats obtenus.

Le travail de Mlle Eklu-Koevanu a porté sur trois langues GBE : l’éwé, le Gengbé et le Fongbé. Ces trois langues se retrouvent au Ghana, au Togo, et au Bénin. Elles appartiennent à l’ère culturelle « adjatado », domaine historique des populations d’origine « Aja » et jouissent d’une intercompréhension entre elles.

Selon elle, beaucoup de locuteurs lettrés reconnaissent aujourd’hui avec indifférence et parfois avec amertume qu’il leur est difficile de compter en français que dans leurs langues maternelles et aussi de désigner les noms de jours, de mois et de l’année.

Cet état de chose fait que nos langues maternelles sont en perte de vitesse : « de ce fait, les systèmes de numération des langues africaines en général et des langues de notre étude en particulier sont en train d’être phagocytés par les langues occidentales à tel point que certains chercheurs proposent que ces systèmes soient décimalisées pour «passer du traditionnel au moderne ».

« L’objectif de notre étude est de déceler, de décrire et d’analyser les points de convergence et de divergence au niveau du système de numération et du calendrier de ces trois langues. Nous comptons susciter ainsi, un regain d’intérêt des communautés pour leurs langues à travers notre analyse », a-t-elle déclaré.

Mlle Eklu-Koevanu entend publier des articles et petits documents à l’usage des locuteurs et non locuteurs, afin de les aider à mieux s’exprimer et compter aisément dans ces langues. Elle envisage également traduire le document dans les trois langues qui ont fait l’objet de son étude.

Selon le président du jury, il s’agit d’un travail de très haute qualité : »en tant que président du jury, je dois dire que nous avons fait soutenir une thèse de qualité. Mlle Koevanu a sérieusement travaillé sous la direction du professeur Afeli et nous sommes très heureux de la voir soutenir aujourd’hui. Avec cette mention, elle doit pouvoir compter parmi les professeurs assistants au département de linguistique si elle en fait la demande. Nous le souhaitons très vivement ».

Pour le Professeur Igué, la thèse de doctorat unique de Mlle Ayélé sort des sentiers battus : « c’est un travail de terrain, parce qu’elle a fait ses recherches au Togo, au Bénin et au Ghana ».

« C’est une femme qu’il faut encourager parce qu’elle est chercheuse. Il faudrait que l’université de Lomé la recrute rapidement, afin qu’elle puisse remplacer les aînés qui s’en vont du fait de la retraite », a-t-il suggéré.

Soulignons que le +Gbe+ (prononcé [ɡbè]) est une langue unique, une entité parmi les langues « Kwa », formant un groupe d’une vingtaine de langues apparentées, qui s’étend sur la zone située entre l’est du Ghana et de l’ouest du Nigeria. La langue la plus parlée est l’ewe (ou éoué) (3 millions de locuteurs au Ghana et au Togo), suivie par le fon (1,7 million, principalement au Bénin).

Le +Gbe+ comprend cinq familles de dialectes majeures : Ewe, Fon, Aja, Gen, et Phla-Phera.

Rappelons qu’avec l’esclavage vers la fin du XVIIIe siècle, beaucoup de locuteurs du Gbe ont été transportés vers le Nouveau Monde, ce qui fait que les langues Gbe jouent un rôle non négligeable dans la création de plusieurs langues créoles des Antilles.

Ces langues ont suscité la curiosité des missionnaires allemands, qui ont engagé la recherche linguistique dans les langues Gbe autour des années 1840. FIN

En Photo: Mlle Ayélé Rosalie Eklu-Koevanu (au milieu), à la fin de la soutenance

Ambroisine MEMEDE

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