Société : La lutte contre les mariages précoces, au cœur d’un conclave à Lomé

Les mariages précoces, phénomène particulièrement préoccupant dans certains pays en Afrique, fait l’objet de débats à Lomé, une rencontre de quatre jours regroupant une trentaine de participants de quatre pays (Mali, Niger, Kenya et Togo), a constaté une journaliste de l’Agence Savoir News.

Organisée par Wildaf/AO (Women in Law and developpement in Africa/Afrique de l’Ouest), cette rencontre a obtenu le soutien du Centre de recherche pour le développement international (CRDI).

Ce conclave vise à harmoniser la méthodologique du projet « Lutter contre les mariages précoces par l’autonomisation des filles en Afrique de l’ouest », initié par Wildaf et qui sera mis en œuvre dans trois pays (Mali, Niger, Togo).

La cérémonie d’ouverture des travaux a été présidée par Mme Afi Boko (Directrice de la famille et de l’éducation de la jeune fille), en présence de Mme Kafui Adjamagbo Johnson (Coordonnatrice du bureau sous régional de Wildaf).

L’Afrique de l’ouest est l’une des régions au monde où la prévalence les mariages précoces, est la plus élevée. Selon les données de l’UNICEF (2014), parmi les 10 pays enregistrant les taux les plus élevés de prévalence des mariages précoces au monde, la moitié se situe dans cette région.

Le Niger et le Mali sont les plus concernés avec une prévalence respectivement de 77 et 61%. Au Togo, le phénomène semble à priori ne pas avoir autant d’ampleur, mais sa persistance dans certaines zones, interpelle: 37% d’enfants mariés en zone rurale et 19% en zone urbaine.

Le mariage précoce est un mariage conçu et consommé à un âge inférieur à 18 ans. Ces pratiques constituent une entorse au développement et plein épanouissement des filles et des femmes. Une étude de l’OMS montre que 17% des femmes de 15 à 49 ans mariées, l’ont été avant l’âge de 15 ans et près d’un tiers des femmes de cette tranche d’âge se sont mariées ou sont entrées en union libre avant l’âge de 18 ans.

Le Projet « Lutter contre les mariages précoces par l’autonomisation des filles en Afrique de l’ouest » est une recherche-action qui a pour objectif de contribuer à la baisse des mariages précoces à travers la génération de connaissances nouvelles et de solutions alternatives durables ainsi que la promotion de l’utilisation à grande échelle de ces connaissances nouvelles sur le mariage précoce en Afrique de l’ouest.

Selon Mme Afi Boko, les objectifs de ce projet sont louables : « c’est un projet qui vient compléter les initiatives de l’Etat en matière de lutte contre les mariages précoces ».

« Toute forme de mariage précoce, constitue une atteinte grave aux droits des enfants en général et des adolescentes en particulier, et devrait à ce titre être sanctionné conformément aux textes en vigueur. Les mariages précoces exposent les victimes à une santé fragile, à un bas niveau d’éducation qui les empêchent finalement de participer économiquement et politiquement au processus de prise de décision dans leur pays. Ces mariages constituent également des facteurs de la hausse de la mortalité maternelle », a-t-elle souligné.

La présente rencontre, a poursuivi Mme Boko, est sans doute « la meilleure occasion pour actualiser les connaissances sur le phénomène, afin de mieux observer son évolution, ses causes profondes et ses conséquences pour les victimes et les obstacles qui en découlent « .

Pour la coordonnatrice de Wildaf, le phénomène continue malgré les nombreux efforts pour éradiquer les mariages précoces: »les mariages précoces constituent un phénomène qui touche durement notre sous-région ».

Ce conclave a pour objectif principal d’améliorer les outils de collecte présentés par chaque pays en vue de les harmoniser de même que le plan d’analyse des données.

Les participants doivent aussi finaliser les protocoles d’éthique et de sécurité de la recherche, ainsi que la stratégie de communication pour influence.
Rappelons que Wildaf est un réseau pour les droits des femmes, destiné à renforcer les stratégies qui lient le droit au développement.

Il a été créé en avril 1997 et enregistre plus de 500 membres organisationnels dans 10 pays de l’Afrique de l’Ouest : Bénin, Burkina Faso, Côte d’ivoire, Ghana, Guinée, Mali, Liberia, Nigeria, Sénégal et le Togo. FIN

Ambroisine MEMEDE

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