Peu le connaissent sous son nom d’Etat civil, Gawou Kodjo Innocent Tété, mais tout le monde ici au Togo connait le dénommé « Sas », le truculent animateur de radio de la station Kanal Fm.
Sa fameuse émission, « du club de la presse », est suivie chaque jour de la semaine, dès 11h sonnante, par une large panoplie d’auditeurs. Une émission qui commence par une donnée déroutante, toute une flopée de prénoms du présentateur, au total 15.
« Depuis que je suis jeune je prends des surnoms, c’est aussi les noms que m’ont donné ma famille », renseigne-t-il.
Une pluralité d’identités qui laisse deviner un personnage haut en couleur.
Cette présentation originale est tout de suite suivie par un remerciement à Dieu d’être toujours en vie. Car sous ses airs canailles, l’animateur est un fervent apprenti catholique pratiquant. A la fois « Sas », surnom qu’il s’est choisi pour son addiction à la célèbre série d’espionnage de Gérard de Villiers, et fidèle de l’Eglise évangélique presbytérienne, ce journaliste surprends par son contraste. Une recette qui toutefois détonne avec un taux d’audience imbattable.
Enseignant malgré lui
L’homme n’est pas ordinaire, son parcours l’est encore moins. Amoureux des langues, il a étudié le français, l’allemand et l’anglais dans le but de devenir traducteur. Un avenir professionnel qui ne verra pas le jour, suite à une bourse non attribuée pourtant alors major de sa promotion.
« Cela reste encore aujourd’hui un traumatisme », déplore-t-il alors tristement.
Cette voie éteinte, cela ne lui ressemble pas. Il rebondit en faisant de l’enseignement d’allemand en lycée. Mais la bougeotte le prend et 18 ans plus tard, déçu par ce secteur, il décide de prendre sa vie en main et de renouer avec ses rêves.
« Quand j’étais jeune, je voulais être journaliste ou avocat », se souvient-il
Il sera un peu des deux. C’est en 1992 qu’il commence timidement dans la profession de « scribouillard » en tant que pigiste. Car on sait tous que le journaliste est un peu l’avocat de la vérité.
Pour lui, c’est bien une notion qui est chère. Plus que tout celle-ci tient une place de choix dans son émission: « je n’hésite pas à revenir sur un fait s’il a été erroné (…) ».
Mais il faudra attendre avril 2007 pour entendre sa voix sur les ondes de 93.5. Emission maintenant reconnue, Sas l’avait lui-même proposée au directeur de Kanal Fm. Des débuts hésitants, elle est à présent une des préférées des Loméens.
Il faut saluer une telle audace, car l’homme est un pur autodidacte. Il est remarquable de voir qu’il avance dans le journalisme pas à pas et ce, sans faire de faux pas.
« Je m’instruis, j’apprends tous les jours, je m’enrichis », affirme Sas.
Etre journaliste, c’est plus qu’un simple travail, c’est une vocation.
Sas débarque dans les locaux de la radio à 8h pour éplucher une dizaine de journaux. Après une sélection des remarques les plus croustillantes sur les plus gros titres des Canards du jour, il boucle sa chronique pour accueillir ses invités.
« Il y a les fidèles habitués, mais aussi tout journaliste de tout bords politiques confondus. Tout le monde a droit à la parole. Que l’on soit homme ou femme, chacun a le droit de se défendre », souligne-t-il.
Journaliste modèle, mais surtout heureux tout simplement de faire son métier: « Parfois, je suis malade, mais à mesure que l’heure approche de 10h55, je vais de mieux en mieux ».
Son remède, c’est son micro. Son audience, c’est son exutoire. Une question se pose tout de même : Pourquoi avec toutes les émissions de radio à Lomé, celle de Sas remporte tous les suffrages ? Peut-être parce qu’il a su doser un juste milieu entre le journaliste et le « pédagogue qu’il est » comme il le dit lui-même: « Peu de personnes lisent la presse au Togo, alors je fais toujours attention à ce que je dis pour pouvoir bien informer les gens ».
Une voie professionnelle qui est finalement bien tombée. Sa « voix » est celle de la raison de beaucoup de Togolais. A vous l’antenne Sas… FIN
Johana Caruso (Stagiaire)
Savoir News, La Maison de L’INFO
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