Le refus américain de fournir des armes au Nigeria profite à Boko Haram, selon Abuja

Le refus des Etats-Unis de fournir des armes aux troupes nigérianes en raison « de soi-disant violations des droits de l’homme » ne fait que profiter au groupe islamiste Boko Haram, a regretté mercredi le président nigérian Muhammadu Buhari, en visite à Washington.

L’ancien général, âgé de 72 ans, a été chaleureusement accueilli dans la capitale américaine, sa première visite depuis le début de son mandat le 29 mai. Mais il va en repartir avec peu de promesses d’assistance militaire pour aider à lutter contre les groupes extrémistes: le gouvernement américain ne peut en effet légalement aider militairement un pays accusé de violations des droits de l’homme.

« De manière regrettable, sous couvert de cette loi et en raison d’affirmations non fondées de violations des droits de l’homme par nos troupes, nous ne pouvons pas avoir accès aux armes stratégiques appropriées pour mener cette guerre », a déclaré M. Buhari lors d’une allocution devant des élus et des militants à Washington.

Il a encore noté que les forces de sécurité nigérianes sont « largement impuissantes » face à la campagne d’enlèvements et d’attentats suicides de Boko Haram. Les militaires nigérians « ne possèdent pas les armes et les technologies appropriées qu’ils pourraient avoir si ces soi-disant violations des droits de l’homme n’étaient pas un obstacle », a-t-il ajouté.

Muhammadu Buhari a appelé la Maison Blanche et le Congrès à trouver un moyen de contourner la loi américaine en question, introduite par le sénateur Patrick Leahy en 1997. Ancien général, Muhammadu Buhari avait dirigé le pays entre 1983 et 1985 à l’époque des dictatures militaires.

Il est revenu au pouvoir avec comme priorité la lutte contre les insurgés islamistes de Boko Haram, désormais affiliés au groupe jihadiste Etat islamique (EI). Il a insisté sur le fait que les allégations visant des militaires nigérians n’étaient pas fondées.

Il a malgré tout remplacé nombre d’anciens commandants militaires et a promis de lancer des enquêtes sur ces accusations. Depuis sa prise de fonction le 29 mai, le pays fait face à une vague de violences: plus de 660 personnes ont péri au Nigeria en un mois et demi.

Le Cameroun, le Tchad et le Niger voisins ont aussi été frappés par des attaques de Boko Haram. L’insurrection islamiste et sa répression par les forces nigérianes ont fait plus de 15.000 morts et 1,5 million de déplacés depuis 2009.

Des ONG ont à plusieurs reprises dénoncé les exactions commises par Boko Haram, mais aussi par les militaires nigérians, ce qui a perturbé la coopération avec Washington.

SOURCE : AFP