Gambie: Yahya Jammeh dénonce « une déclaration de guerre » de la Cédéao qui le presse de partir

Le président gambien Yahya Jammeh, qui conteste sa défaite au scrutin présidentiel face à l’opposant Adama Barrow, a estimé que l’organisation ouest-africaine de la Cédéao lui a fait «une déclaration de guerre» en affirmant envisager tous les moyens pour le pousser à quitter le pouvoir.

M. Jammeh s’exprimait dans un message télévisé à la Nation samedi soir à l’occasion du Nouvel an – et dont l’AFP a visionné l’enregistrement dimanche. Il a aussi exclu de participer à toute négociation avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (15 pays) en raison, selon lui, de sa « partialité» et a réitéré sa demande d’annulation de l’élection du 1er décembre.

Au pouvoir depuis plus de 22 ans, le dirigeant gambien avait dans un premier temps reconnu sa défaite et félicité l’homme d’affaires Adama Barrow, vainqueur du scrutin selon les résultats proclamés le 2 décembre par la Commission électorale indépendante (IEC).

Quelques jours plus tard, l’IEC a communiqué des chiffres corrigés réduisant l’écart entre MM. Barrow et Jammeh — de plus de 50.000 à quelque 19.000 voix — mais ne modifiant pas le résultat.

Et le 9 décembre, M. Jammeh a fait volte-face, réclamant l’annulation du scrutin et un nouveau vote. Il a assuré qu’il demeurerait à la tête du pays tant que la Cour suprême ne se serait pas prononcée sur son recours, qui doit être examiné le 10 janvier, soit neuf jours avant l’expiration de son mandat d’après la Constitution.

Depuis son revirement, M. Jammeh est sous pression de plusieurs pays et institutions qui lui demandent de céder son fauteuil le 19 janvier et de permettre une transition apaisée. Pour l’en convaincre, la Cédéao a dépêché une mission à Banjul, sans succès.

Le président de la Commission de la Cédéao, Marcel Alain de Souza, avait évoqué en décembre des décisions «les plus draconiennes» possibles si la diplomatie échouait, qualifiant l’option militaire de «solution envisageable».

Cette «décision de la Cédéao» d’imposer les résultats de la présidentielle « par tous les moyens possibles est totalement illégale, car elle viole le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures de ses Etats membres», a déclaré Yahya Jammeh.

«C’est, en fait, une déclaration de guerre et une insulte à notre Constitution. C’est donc totalement inacceptable », a-t-il martelé, excluant de participer à toute négociation menée par la Cédéao tant qu’elle maintiendrait sa position.

«Nous sommes prêts à défendre le pays contre toute agression et il n’y aura aucun compromis à ce sujet », a-t-il assuré, avertissant que «sans la levée de la menace d’usage de la force dans la position de la Cédéao, l’impasse demeurera, avec le risque d’une escalade en confrontation militaire».

SOURCE : AFP