Economie: La filière cotonnière se dote d’un mécanisme de fixation du prix d’achat du coton-graine actualisé, preuve d’une « gestion transparente » de cette filière (REPORTAGE)

Le mécanisme de fixation du prix d’achat du coton-graine, outil majeur de transparence de la filière coton, a été validé ce mercredi à Atakpamé (environ 175 km au nord de Lomé) lors d’un conclave riche en discussions, ont constaté des journalistes de l’Agence Savoir News.

Le mécanisme de fixation du prix d’achat du coton-graine est un dispositif qui permet à la filière coton de servir un prix au producteur qui lui permet non seulement de rentrer dans ses charges, mais également d’obtenir une marge qui lui permet vivre. Le prix fixé est calculé sur la base du prix de vente de la fibre sur le marché mondial.

Autrefois – sous la Société togolaise de coton (Sotoco) – le prix d’achat du coton-graine aux producteurs, était fixé par le gouvernement à travers un comité fiduciaire ». Au lendemain de la création de la Nouvelle Société Cotonnière du Togo (NSCT), la filière cotonnière s’est dotée en 2009, d’un mécanisme de fixation du prix élaboré par de grands experts.

Mais, après trois campagnes, la NSCT et la fédération Nationale des Groupements de producteurs de Coton (FNGPC) éprouvent d’énormes difficultés à s’entendre sur les prix à fixer aux producteurs. Les difficultés sont dues notamment aux insuffisances du mécanisme, empirées par une embellie inattendue des cours mondiaux de la fibre et une conformité de certains paramètres de la formule mathématique de calcul des prix avec la réalité : d’où la nécessité d’actualiser le document .

« Le travail de base a été fait ensemble par une commission mixte (4 représentants des producteurs et 4 représentants de la SNCT). C’est une preuve de gestion transparente de cette filière, puisque producteurs de coton et la société cotonnière se sont entendus sur un mécanisme, une formule de calcul pour déterminer le prix d’achat », a expliqué à l’Agence Savoir news Norbert Yao Amecy, secrétaire général technique de la NSCT.

« Dorénavant, personne ne dira que le prix a été fixé de manière arbitraire. On prend la formule adoptée par tout le monde, on y introduit les éléments et puis après, on a le prix.C’est une question de transparence et c’est très important pour le producteur, quand il sait que le prix n’est pas arbitraire, il n’est pas inventé par quelqu’un, il n’est pas arrangé d’une certaine manière pour favoriser quelqu’un. Le producteur est à l’aise. Le climat de confiance est établi et normalement, la production marche. C’est le principal atout de ce mécanisme de fixation du prix », a-t-il précisé.

Le document actualisé a été validé ce mercredi lors d’un atelier qui a regroupé plus d’une centaine de participants dont des producteurs de coton, des responsables de la SNCT et des représentants de certains ministères.

Le secrétaire général du ministère de l’agriculture de l’élevage et de la pêche Lamboni Mindi a également pris part aux travaux de cet atelier ouvert par le Préfet de l’Ogou Allagbé Kokou Bayedjen.

Les débats de fond ont duré plus de 7 heures d’horloge, après la présentation de l’ensemble du contenu du document. Les participants ont passé minutieusement au peigne fin, ce document de 42 pages. Aucun détail n’a été oublié.

« Ce document, même s’il n’est pas parfait comme toute œuvre humaine d’ailleurs, essaye certainement de corriger les manquements que la pratique des quatre dernières années a révélées », a souligné Kokou Djagni, le Directeur général de la NSCT.

« Si l’adoption d’un mécanisme de fixation de prix est un outil majeur de transparence et donc de modernité, sa révision consensuelle dans un climat apaisé est un signe de maturité », a-t-il ajouté.

La NSCT a été créée suite à la dissolution le 23 janvier 2009 de la SOTOCO, secouée notamment par la mauvaise gestion et le détournement. Grâce à des réformes, cette nouvelle société d’économie mixte (où l’Etat togolais détient 60% des parts, les 40% restant revenant aux producteurs de coton), a redonné vie à la filière coton qui joue un rôle très stratégique dans l’économie togolaise.

Le coton est non seulement la première culture de rente du pays mais aussi la première culture industrielle du Togo et le 4è produit d’exportation du pays après le clinker, le ciment et les phosphates. Il est l’un des produits agricoles qui contribue de manière substantielle au PIB. Depuis l’année dernière, le Togo s’est résolument lancé dans une nouvelle vision stratégique sur 10 ans pour sa filière coton. Un document « d’orientation » élaboré grâce à un appui de la Banque mondiale projette une production annuelle de 200.000 tonnes de coton à l’horizon 2022.

Pour la dernière campagne, le Togo a produit plus de 79.000 tonnes de coton (avec un bénéfice de plus de 976 millions de F.CFA) contre 46.844 tonnes pour la campagne 2010/2011 ( 370 millions de F.CFA de bénéfice). Sous la SOTOCO, la production avait considérablement chuté, jusqu’à 22.000 tonnes. FIN

En Photo: Des responsables de la SNCT et de la Fédération des producteurs de coton, lors de l’atelier

D’Atakpamé Junior AUREL / Yacoubou Taïrou Le Roi

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