Burkina Faso: Premier gouvernement Kaboré, deux journalistes dont Alpha Barry ministre des Affaires étrangères

Le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, élu fin novembre, a formé mercredi un gouvernement de trente ministres dans lequel il assume les fonctions de ministre de la Défense, indique un décret publié mercredi matin à Ouagadougou.

Comme le président Blaise Compaoré, chassé en octobre 2014 par la rue après 27 ans au pouvoir, M. Kaboré a choisi de prendre le portefeuille de la Défense et des Anciens combattants.

La réforme de l’armée est une préoccupation dans un pays où l’armée joue un rôle politique prépondérant et dont l’histoire est constellée de coups d’Etat et de tentatives de putsch.

Sept des neuf chefs d’Etat que le pays a connu depuis son indépendance en 1960 étaient des militaires et M. Kaboré est le premier civil à être démocratiquement élu dans ce pays pauvre d’Afrique de l’Ouest.

– ‘Tolérance zéro’ sur la corruption –

Le gouvernement dirigé par le Premier ministre Paul Kaba Thiéba, un économiste, ancien de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (Bcéao), compte sept femmes dont Hadizatou Rosine Coulibaly Sori, qui était une des favorites pour la Primature. Elle occupera le poste stratégique de ministre de l’Economie et des Finances.

« Les orientations qui ont prévalu à la formation de ce gouvernement, c’est d’abord le patriotisme. Aujourd’hui, nous avons besoin de dirigeants qui sont des patriotes », a expliqué à la presse le Premier ministre.

« C’est un gouvernement de combat, un gouvernement d’engagement, parce que compte tenu des sacrifices qui ont été consentis par notre jeunesse, notre peuple, il nous revient de relever le défi, de se concentrer sur le combat qu’il faut mener contre le sous-développement, l’injustice, l’impunité et la pauvreté », a ajouté M. Thiéba.

Outre la stabilisation démocratique du pays, le gouvernement doit faire face au chômage massif et endémique des jeunes (les moins de 30 ans représentent jusqu’à 70% de la population) et à la pauvreté dans un pays de plus de 17 millions d’habitants dont plus de 40% vivent en dessous du seuil de pauvreté.

Le Premier ministre a aussi promis un « code d’éthique et de bonne conduite »
afin d' »éviter toutes les déviations » et une « culture du résultat ». »Tous les ministres doivent donner l’exemple dans leur comportement de tous les jours par rapport à la corruption, au népotisme, aux abus, à l’éthique et à la probité. », a-t-il indiqué.

« Ce sera la tolérance zéro. Chaque fois qu’il y aura des manquements par rapport à l’éthique, à la probité, ce sera la tolérance zéro », a insisté M. Thiéba.

L’ancien maire de Ouagadougou pendant 17 ans, Simon Compaoré, sera le numéro 2 du gouvernement avec le portefeuille de l’Administration territoriale et de la Sécurité intérieure.

Ancien apparatchik du régime Compaoré comme M. Kaboré, Simon Compaoré est, avec le président de l’Assemblée Salif Diallo notamment, une des figures du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP) de Blaise Compaoré (avec lequel il n’a pas de lien de parenté) qui avaient quitté le parti pour former le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP).

Avec le MPP, M. Kaboré a remporté l’élection présidentielle du 29 novembre et le MPP est la première force de l’Assemblée nationale élue le même jour.

Deux journalistes proches du MPP font partie du gouvernement. Alpha Barry,
fondateur de la radio Oméga FM et ancien correspondant de Radio France
internationale (RFI), devient ministre des Affaires étrangères et de la
Coopération.

Rémi Fulgence Dandjinou, directeur général d’une télévision privée d’information continue, est ministre de la Communication.

Deux membres du gouvernement de la Transition mis en place après la chute de Compaoré restent au gouvernement. Bessolé Réné Bagorro, ex-ministre de l’Urbanisme, devient garde des Sceaux alors que le professeur Filiga Michel
Sawadogo reste ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Deux partis d’opposition, qui ont signé un accord de gouvernement avec le MPP, sont représentés.

L’Union pour la renaissance/parti sankariste (UNIR/PS, se réclamant de l’ancien président burkinabè Thomas Sankara) dont le candidat, Me Bénéwendé Stanislas Sankara, est arrivé quatrième à la présidentielle, a obtenu deux portefeuilles: l’Environnement (Nestor Bassière) et les Ressources animales et hydrauliques (Somanogo Koutou).

Tahirou Barry, troisième de la présidentielle (3,09%), prend le ministère de la Culture et du Tourisme.

SOURCE : AFP

En Photo: Alpha Barry, fondateur de la radio Oméga FM et ancien correspondant de Radio France internationale (RFI), ministre des Affaires étrangères et de la Coopération.