Au cœur des cités Universitaires à Lomé: pas d’eau potable, des couloirs et toilettes sales, les murs délabrés, des tas d’ordures un peu partout …(REPORTAGE)

Les cités où logent les étudiants inscrits à l’Université de Lomé, sont très sales. Que ce soit dans les cités A, B ou C, les étudiants vivent un calvaire, a constaté un journaliste de l’Agence Savoir News.

Un esprit sain dans un corps sain dit-on souvent. Les étudiants ne peuvent se prévaloir de cette maxime. En effet, la situation environnementale au sein des cités universitaires de Lomé, laisse à désirer. A cela s’ajoute, l’absence d’eau potable pour les besoins des étudiants.

Dans cette situation, étudiants et les responsables du Centre national des œuvres universitaires (CNOU) se renvoient la balle.

A l’entrée des cités, le visiteur est étonné de voir, non loin des immeubles, des tas d’ordures un peu partout. Ce sont le plus souvent des amas d’objets hétéroclites qui sont dominés par les objets plastiques.

A l’entrée de la cité A, tout juste avant de franchir les premiers escaliers, on aperçoit des tas d’ordures, notamment les feuilles de polycopies usitées. Un gardien des lieux rencontré par l’Agence Savoir News ne se soucie même pas de cette situation. Il est bonnement assis en écoutant sa radio, les écouteurs dans les oreilles.

Les premiers escaliers franchis, le visiteur ne peut s’empêcher d’abord de sentir l’odeur pestilente des lieux. Les murs sont délabrés, les toilettes très sales.

« Nous faisons avec (…). C’est vrai notre environnement est sale. Cela ne dépend pas de nous autres étudiants. Ce n’est pas nous qui allons peindre les murs et réparer les robinets qui ne fonctionnent plus ou les carreaux qui sont vétustes », se plaint Hervé Lalle, étudiant en sociologie, trimestre 6 à l’Université de Lomé.

Selon lui, c’est une situation qui perdure depuis des années et ajouté à cela, il n’y a pas d’eau qui monte dans les robinets.

« Ce sont des choses que nous réclamons depuis des années. Les autorités de l’Université ne nous disent rien. Les poubelles sont souvent pleines et les ramasseurs ne viennent pas. Tout pourri et sent. C’est difficile pour nous de vivre dans cette situation », souligne le jeune étudiant assis sous un arbre au milieu des tas d’ordures.

« Les toilettes sont sales, faute d’eau. Parfois, les matières fécales restent dans les WC pendant deux ou trois jours », renchérit Ayao Gadjan, étudiant en sociologie.

Même son de cloche, chez Manissétou Atti-Djobo, étudiante en droit. Mais cette dernière estime que les étudiants doivent eux-mêmes prendre à bras le corps ce problème.

« Les autorités ou les responsables du CNOU ne vivent pas avec nous dans les cités. Je pense que nous devons d’abord rendre propre là où nous vivons. Regardez, comment les ordures sont entassées dans les couloirs et lorsque tu te pleins, cela devient de querelles. Le problème est aussi lié à certains étudiants, surtout des hommes qui ne peuvent même pas balayer leur chambre », explique Manissétou Atti-Djobo.

« D’abord, les chambres sont pléthoriques, et ensuite, on n’arrive pas à mettre au propre les lieux. Je suis désolée, mais je pense que nous devons d’abord rendre propre nos chambres. C’est vrai, nos robinets et autres sont vétustes, on n’a plus d’eau qui monte dans les toilettes, mais la propreté des lieux nous incombe aussi », estime la jeune étudiante un peu remontée.

Elle va plus loin en indexant certains étudiants qui selon elle, viennent des campagnes et n’ont aucune notion de propreté.

« Il y a des étudiants qui viennent chaque année des coins les plus reculés. Ils ont des mentalités bizarres. Vous vous rendez compte qu’un étudiant se réveille un matin et va cogner la porte d’une fille qu’il ne connaît pas et lui intime l’ordre de lui balayer sa chambre, où ils sont plus de 6 à y vivre? C’est une réalité. C’est vrai notre environnement n’est pas du tout sain, mais nous devrions aussi faire un effort », souligne-t-elle une nouvelle fois.

A la cité C, les couloirs ne sont pas du tout bons à voir. Les murs sont noirs comme si on brûlait des objets en plastiques chaque jour. Les prises de courant laissent des trous béants dans les murs.

Ithiel Gagnon, étudiante à la faculté de lettre moderne pense que la question de l’insalubrité des cités est une réalité, mais que cela dépend de l’appréciation de tout le monde.

Ithiel Gagnon et ses camarades ont décidé de rendre leur coin un peu propre.

« Nous sommes gênés de vivre dans cette situation et lorsque tu te plains, certains amis n’hésitent pas à t’insulter ou même te menacer », dévoile cet étudiant.

Au niveau du CNOU, les responsables reconnaissent que les étudiants ont des difficultés d’accès à l’eau potable, mais rassurent que les efforts sont en cours pour que ce problème soit définitivement réglé.

« Nous faisons tout pour jouer notre rôle convenablement, mais vous savez, on ne peut pas balayer les chambres pour les étudiants. S’ils ne veulent pas rendre leur lieu propre, c’est qu’il s’y plaisent là-dedans », indique un responsable du CNOU.

« Nous avons un projet, pour ces vacances. Tous les bâtiments seront repeints, c’est pour cela qu’on souhaite qu’ils vident rapidement les lieux », annonce ce dernier, l’air très sérieux.

« On fera de notre mieux et les étudiants doivent aussi jouer leur partition. Les ramasseurs d’ordures sont chaque fois sur les lieux de dépôts pour ramasser les ordures. Je ne peux pas comprendre, pourquoi les étudiants ne veulent pas descendre pour déposer les ordures aux lieux indiqués. Ils pensent que nous allons monter pour leur faire sortir ces ordures. Ce n’est pas possible », précise ce responsable du CNOU qui a requit l’anonymat.

Nicolas KOFFIGAN

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