Agbéyomé Kodjo : « Ne pas réaliser les réformes sous quelque prétexte que ce soit avant le prochain scrutin présidentiel de mars 2015 relèverait d’une erreur politique stratégique grave (…) »

« Ne pas réaliser les réformes sous quelque prétexte que ce soit avant le prochain scrutin présidentiel de mars 2015 relèverait d’une erreur politique stratégique grave, analogue au boycott des élections législatives anticipées du mois d’octobre 2002, par l’opposition politique républicaine qui en campant à l’époque, une telle posture, favorisa le déverrouillage de la constitution du 27 septembre 1992, par le RPT (ancien parti au pouvoir dissout), le 31 Décembre 2002 », a estimé ce mardi l’ancien Premier ministre Agbéyomé Kodjo, président du parti OBUTS (Organisation pour bâtir dans l’union un Togo solidaire (OBUTS, opposition) dans un message de vœux à la nation.

L’opposition et le parti au pouvoir sont à couteaux tirés depuis quelques mois sur les réformes politiques, notamment sur la limitation du mandat présidentiel. Dans l’actuelle constitution, le mandat n’est pas limité. Mais, l’opposition tente de barrer la route au président Faure Gnassingbé pour un troisième mandat.

Un projet de loi portant réformes constitutionnelles et institutionnelles introduit par le gouvernement, avait été rejeté le 30 juin dernier par les députés du parti au pouvoir, majoritaire à l’Assemblée nationale faute de « consensus » sur l’application de la disposition relative à la limitation du mandat présidentiel (5 ans x 2). Pour l’opposition parlementaire, la nouvelle disposition, une fois adoptée, prendra « effet immédiatement ».

Une exigence qui vise le président Faure Gnassingbé. Ce qui n’est pas du goût des députés du parti au pouvoir, qui ont simplement rejeté tout le texte en bloc.

Depuis lors, c’est le statu quo. Une proposition de loi introduite par des députés de l’opposition est aussi bloquée sur la table du président de l’Assemblée nationale, pour des raisons de procédure pour son adoption.

« La seule issue de sortie de cette crise politique, est de taire nos récriminations réciproques, en abordant la question des réformes constitutionnelles et institutionnelles avec sagesse, discernement et pragmatisme loin des calculs partisans, et de tout extrémisme, afin que soient clarifiées et modernisées les règles de jeu politique contribuant ainsi à la vérité des urnes, au cours du prochain scrutin », souligne Agbéyomé Kodjo.

Selon lui, « l’absence de réformes constitutionnelles et institutionnelles, plomberait les chances de parvenir à une alternance politique et laisserait le champ libre à tout locataire de la Présidence de la République quel qu’il fût, qui disposera dès lors, de la possibilité de s’offrir autant de mandats qu’il désire obtenir au sommet de l’État ».

« La formation politique OBUTS résolument engagé aux côtés du Peuple togolais, réaffirme ici sa disponibilité à œuvrer de concert et en lien avec toute initiative sérieuse et crédible, qui privilégiera le seul souci du peuple togolais, et une vision éclairée de l’avenir de la Nation togolaise en lieu et place des calculs égoïstes et/ou de prétention hégémonique », a-t-il souligné.

Le président de l’OBUTS s’est dit récemment favorable à un troisième mandat de Faure Gnassingbé.

« Si le prix de la limitation du nombre de mandats présidentiels est d’accepter que le Président en exercice puisse rempiler pour un dernier mandat, pour ce qui concerne l’homme politique que je suis, je l’accepte volontiers », avait affirmé Agbéyomé Kodjo, le 3 décembre dernier dans une « Tribune ».

Mais cette sortie avait été fortement critiquée dans des milieux de l’opposition et par certains journaux. « Je ne fus pas compris par certains de nos compatriotes, et fis l’objet d’attaques infamantes, de dénigrement, de calomnie et d’injures ad hominem. Aujourd’hui, nombreuses sont les voix, tant au sein de la classe politique que dans la société civile, qui se sont élevées pour exprimer une position intrinsèquement similaire à la mienne et éclairer l’opinion publique sur la pertinence de celle-ci », a précisé M.Kodjo dans son message de vœux.

« En tout état de cause, il me parait séant que les réformes constitutionnelles et institutionnelles dont s’agit, soient adoptées avant la prochaine élection présidentielle, car cela aura le mérite de rendre libre, lors de la consultation électorale à venir, le choix des citoyennes et des citoyens togolais », a-t-il ajouté. FIN

Edem Etonam EKUE

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