Affaire escroquerie/TPIR : Me Jean Yaovi Degli relaxé ce mardi par la justice française

Un avocat togolais, Jean Yaovi Degli, renvoyé en 2004 du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) sous l’accusation d’escroquerie, a été relaxé mardi par la justice française.

Une compatriote togolaise, Sylvia Olympio, poursuivie pour complicité et qui n’était pas présente à l’audience, a elle été condamnée à trois ans de prison avec sursis.

Me Degli, alors inscrit au barreau de Paris, avait été renvoyé en octobre 2004 par le greffe du TPIR pour « escroquerie, malhonnêteté, fraude et tromperie », accusé d’avoir détourné plus de 300.000 dollars sur les 380.000 versés sur le compte bancaire d’une collaboratrice, Sylvia Olympio.

Cette dernière avait été inscrite comme sa co-conseil bien qu’elle n’ait pas eu la qualification d’avocate et ait présenté une attestation falsifiée du barreau de Paris.

Me Degli, aujourd’hui inscrit au barreau de Lomé, a toujours dénoncé une cabale. L’affaire venait devant le tribunal correctionnel de Paris, le faux imitant un document français. Me Degli était poursuivi pour escroquerie, accusé d’avoir falsifié les attestations, Mme Olympio pour complicité.

Me Degli a assuré au tribunal avoir toujours de bonne foi cru que Mme Olympio était avocate, son père la lui ayant présentée sous cette qualité. Et ce d’autant qu’elle venait d’une « excellente famille », étant la petite-fille du premier président du Togo après l’indépendance, Sylvanus Olympio.

Il a nié avoir falsifié les documents, produisant nombre d’attestations de témoins selon lesquels Mme Olympio se faisait depuis longtemps passer pour avocate, allant jusqu’à plaider.

Et alors que le TPIR avait accusé Me Degli d’avoir gonflé les honoraires de sa collaboratrice, son défenseur Vincent Asselineau a souligné qu’il avait de lui-même signalé l’absence de qualification de Mme Olympio au greffe après avoir découvert par hasard qu’elle n’était pas avocate.

« Pourquoi aurait-il eu ce geste suicidaire s’il était l’instigateur de l’escroquerie », a lancé l’avocat, demandant la relaxe.

Quant au mobile, une fois la supercherie découverte, Me Asselineau a souligné que « de notoriété publique » Mme Olympio entretenait à l’époque une « relation intime » avec le greffier en chef du TPIR, après avoir été brièvement « l’amante » de Me Degni. « J’étais le bouc émissaire idéal, » a estimé Me Degli.

Estimant qu’il n’y avait « aucune preuve qu’il a produit les fausses attestations, le procureur a demandé la relaxe pour Me Degli et trois ans avec sursis pour Mme Olympio.

Le TPIR a été créé par l’ONU en 1994 pour juger les responsables du génocide qui fit environ 800.000 morts, essentiellement dans la minorité tutsi, entre avril et juillet 1994. C’est le greffe du tribunal qui enregistre les avocats et assure leur rémunération si leur client ne le peut pas.

Source : AFP

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