« Si notre parcours peut servir de modèle, nous ne pourrons que nous en réjouir »

Mme Yawa Tségan.

Première femme à diriger l’Assemblée nationale, Mme Yawa Tségan est devenue depuis son élection, la deuxième personnalité du pays. Pour sa première interview à la presse écrite, elle a choisi FOCUS INFOS. Dans l’entretien exclusif qu’elle nous a accordé, celle qui est au perchoir pour la durée de la législature, déclare mesurer la responsabilité qui est la sienne et dévoile les chantiers prioritaires de la nouvelle Assemblée.

 

Focus Infos : Vous êtes à la tête de l’Assemblée nationale togolaise depuis près de trois mois. Sous quel signe placez-vous votre présidence ?

 

TSEGAN Yawa : Nous voudrions d’abord saluer cette première dans l’histoire de notre pays et remercier la formation politique dont nous sommes issue avec à sa tête le Président du parti, Son Excellence Monsieur Faure Essozimna GNASSINGBE.

Pour répondre à votre question, m’inspirant de la devise de notre pays- Travail Liberté Patrie- je dirai que notre législature est placée sous le signe du travail bien fait au service de notre chère patrie, étant donné que c’est le travail qui libère l’homme. Mais en même temps, nous garderons à l’esprit la promotion de la jeunesse et de la femme et en ayant chevillée à l’âme la vision d’un Togo où règnent la paix, l’amour et la fraternité entre toutes les filles et tous ses fils réconciliés.

 

Première femme dans l’histoire de notre pays à diriger cette institution, cela vous impose-t-il davantage de responsabilité ?

 

Nous réitérons, ici, notre reconnaissance à toutes et à tous nos collègues députés qui ont porté leur choix sur notre personne. C’est une étape majeure dans le processus de promotion de la femme togolaise au sein des hautes instances décisionnelles de notre pays. C’est une fierté nationale qui peut servir de levier pour une plus grande implication des femmes dans la vie politique nationale.

Mais, le Président de l’Assemblée nationale, qu’il soit homme ou femme, a la responsabilité de diriger l’institution de manière à produire des résultats à la hauteur des attentes. Toutefois, en raison du faible nombre de femmes dans les hautes instances décisionnelles, non seulement dans notre pays, mais également au plan international, il est tout à fait normal qu’une femme qui se retrouve à ce niveau de responsabilité, ait le sentiment d’être en mission pour faire la preuve que les femmes sont tout aussi douées que les hommes pour apporter leurs contributions au développement de la société dans laquelle elles vivent. La réussite d’une telle femme peut inspirer et ouvrir la voie à d’autres femmes.

 

Dans un contexte international où la question du genre et celle de la promotion de l’égalité homme femme, de la parité se pose plus que jamais avec acuité, pensez-vous qu’un parcours comme le vôtre puisse booster cette cause dans notre pays ?

 

Notre élection à la tête de l’Assemblée nationale togolaise est un palier supplémentaire franchi dans le processus de promotion de la femme togolaise. Ce processus s’est illustré par le positionnement d’un grand nombre de femmes dans les instances décisionnelles depuis déjà de nombreuses années. Les exemples sont sous nos yeux.

On peut toujours faire mieux mais, il faut avoir le courage de le dire, cela dépend aussi des femmes elles mêmes, de la volonté de ces dernières à s’engager dans la gestion des affaires de la cité. Elles doivent se former et surmonter les contraintes sociales pour s’affirmer. Et si notre parcours peut servir de modèle, nous ne pourrons que nous en réjouir et assurer de notre disponibilité à accompagner celles qui le voudraient bien.

 

L’un des sujets sur lesquels la nouvelle Assemblée nationale est attendue concerne les réformes constitutionnelles et institutionnelles. Sont-elles inscrites prioritairement à votre agenda ?

 

Sans attendre que la question nous soit posée, nous l’avons abordée dans notre discours d’ouverture de la 2ème session extraordinaire et dans celui de la 1ère session ordinaire de l’année en cours. La répétition étant parfois une bonne chose, nous le redisons : les réformes constitutionnelles et institutionnelles font partie des priorités de notre agenda.

 

Entre le texte précédent introduit par le gouvernement, celui enrichi par la contribution de l’expert de la CEDEAO, ou encore celui proposé par l’opposition parlementaire de la précédente législature, lequel sera le cas échéant soumis au vote des députés ?

 

Nous voulons vous rappeler que l’étude du projet de loi envoyé par le gouvernement qui avait débuté avec la Vème législature avait été ajournée. Il revient à la Commission des lois que nous venons, d’ailleurs, de mettre en place de reprendre l’étude de ce projet de loi en vue de son adoption.

 

Depuis l’élection du bureau jusqu’à la désignation des membres de la CENI, en passant par la mise en place des groupes parlementaires, la recherche du consensus a prévalu dans l’hémicycle. Que comptez-vous faire pour maintenir ce climat et cet état d’esprit ?

 

Nous saisissons cette occasion pour exprimer notre reconnaissance à l’ensemble des députés, toutes tendances politiques confondues, pour l’esprit d’ouverture, le sens des responsabilités dont ils ont fait preuve et qui nous ont permis d’avoir ces résultats que vous avez évoqués. Il est donc souhaitable que nous poursuivions dans ce même état d’esprit, en ayant constamment à cœur l’intérêt de notre pays.

Pour notre part, nous ferons en sorte que tout le monde puisse avoir son mot à dire dans les débats. Nous continuerons de faire preuve d’une grande disponibilité et d’un esprit d’écoute en vue de parvenir, autant que possible, à une convergence de vues sur les sujets d’intérêt national.

 

En dehors des questions institutionnelles et constitutionnelles, quelles seront vos priorités notamment sur les problématiques économiques et sociales, qui font aussi partie des préoccupations de nos compatriotes ?

 

En dehors du fait de voter des lois, chaque élu a l’obligation d’avoir comme aspiration première de contribuer, significativement, à l’amélioration des conditions de vie de nos concitoyens. À ce titre, nous pensons qu’il est plus que requis du député de montrer un intérêt marqué à toutes les questions à portée économique et sociale, et d’appuyer le gouvernement dans ses efforts ayant pour finalité la satisfaction des besoins du plus grand nombre.

 

L’une des critiques formulées à l’endroit des parlementaires a souvent été le déficit d’initiatives parlementaires. Certains parlent même de paresse parlementaire, arguant du fait qu’il y a très peu de propositions de loi. Allez-vous changer cela ?

 

Les propositions de loi sont importantes mais ne sauraient être le critère pour évaluer la qualité de la production législative d’un parlement. Nous sommes ouverts à tout : projets de loi, propositions de loi, questions orales ou écrites des députés au gouvernement. Nous exercerons pleinement les prérogatives que nous confère notre loi fondamentale. Et si des questions d’intérêt national méritent de la part des élus que nous sommes une initiative de proposition de loi, nous n’hésiterons pas à le faire.

 

À la fin de cette législature, sur quelles actions ou initiatives souhaiteriez-vous être jugée ? Collectivement ou à titre personnel ?

 

Nous laissons la liberté à nos compatriotes de porter leur jugement sur notre travail, que ce soit collectivement ou à titre personnel. Nous espérons seulement que la VIème législature de la IVème République, en apportant sa pierre à la consolidation de l’Etat de droit et la démocratie dans notre cher pays et en soutenant les actions en faveur de l’émergence de notre pays, imprime de bons souvenirs dans la mémoire de l’ensemble de nos concitoyens.

 

Un dernier mot à l’adresse de vos compatriotes ?

 

Je voudrais d’abord profiter de cette opportunité pour témoigner ma gratitude aux plus hautes autorités de notre pays avec à sa tête le Président de la République, SEM Faure Essozimna GNASSINGBE, pour leur soutien et leur sollicitude à l’endroit des députés de la législature qui vient de commencer. Nous renouvelons les remerciements de la Représentation nationale aux populations togolaises qui ont fait, de nous, leurs représentants à l’Assemblée nationale.

Nous demandons à tous nos compatriotes de croire en l’avenir de notre pays. Mettons-nous tous au travail, et que chacune et chacun, par le comportement et les actes posés, participent à la consolidation de la paix et à l’édification, en cours, d’un Togo uni et prospère, pour le bonheur de ses filles et fils.

 

Source : Focus Infos